Algérie : A quel endroit faut-il acheter son mouton pour l'Aid El Adha ?
#Economie #Elevage #TUNISIE
Denys Bédarride
mercredi 28 juin 2023 Dernière mise à jour le Mercredi 28 Juin 2023 à 12:07

L'Aïd al-Adha (fête du Sacrifice), également appelée l'Aïd el-Kébir, est l'une des fêtes les plus importantes sur le plan religieux ainsi que sur le plan culturel et social dans les sociétés arabo-musulmanes, marquant la fin du pèlerinage annuel à La Mecque, connu sous le nom de Hajj.

Connue pour être une fête de réunion familiale et de partage de repas à base de viande, l’aïd al-Adha en Tunisie aurait, cette année, perdu de son éclat, à la lumière d’une inflation galopante empêchant les citoyens de se dédier à ce rituel qui devient un fardeau financier d’une part et une pratique luxueuse réservée aux plus aisés, d’autre part.

Dans une “Rahba” à El Mourouj, une place aménagée pour la vente des ovins dans la banlieue sud de la capitale Tunis, l’Agence Anadolu est allée à la rencontre d’éleveurs et de vendeurs de moutons, qui attendent, au milieu de craintes liées à la baisse des ventes cette année, que leur bétail soit vendu.

Pour la plupart, la marchandise coûte très cher et les prix sont très élevés et dépassent leur capacité d’achat : “La botte de foin était à 7 dinars (2 dollars) alors qu’aujourd’hui elle se vend à 25 dinars (7 dollars)“, s’écrie-t-on.

Des ovins difficiles à entretenir

Le coût de l’alimentation des bovins a considérablement augmenté depuis l’Aïd dernier. Nous achetons les 70 kilos de blé à 120 dinars (environ 40 dollars) et même quand les prix ont été revus à la baisse, nous avons déversé 90 dinars (environ 30 dollars) pour la même quantité, qui demeure toujours un chiffre énorme“, explique Lotfi Ferchichi, un éleveur de Kasserine (centre-ouest), au micro d’Anadolu.

Il arrive, selon lui, que la brebis mange son agneau et qu’elle se mange elle-même, faisant savoir que celui qui avait élevé 25 brebis, ne lui en reste que 15 et que pour celui qui en avait 100, seules 40 ont survécu.

Pour Mokhtar Ayari de Rouhia (Gouvernorat de Siliana/Nord ouest), le prix du mouton est acceptable. “Les prix ne sont pas exagérés. Nous achetons les 100 kilos de blé à 150 dinars (50 dollars) et le foin à 30 dinars (10 dollars) pour une consommation de 2 dinars par jour et par mouton“, a-t-il détaillé, notant que quel que soit le prix de la vente de l’unité, il n’arrivera jamais à couvrir ses dépenses.

Nous vivons dans des conditions difficiles; nous louons des véhicules pour transporter les ovins d’un endroit à un autre et nous veillons toute la nuit pour les garder. Je ne suis même pas sûr de pouvoir dégager des bénéfices. Si j’arrive à couvrir mes multiples charges, je serai satisfait!“, lance-t-il pour exprimer sa frustration.

En mode survie

Pour la fourchette des prix des moutons, les éleveurs étaient unanimes à affirmer que les plus petits des ovins se vendaient entre 600 et 680 dinars ( soit entre 200 et 230 dollars), des prix qui sont, d’après eux, adaptés aux plus démunis, alors que la moyenne en général est de l’ordre de 1 500 dinars (500 dollars).

Et dire qu’en affluant vers les “Rahbas”, les Tunisiens n’avaient en tête qu’un seul objectif, celui de sacrifier un mouton comme le veulent la religion et la coutume, sans savoir qu’ils allaient sacrifier trois mois de salaire sinon deux dans le meilleur des cas.

Désormais, c’est pour un sourire sur les lèvres de leurs enfants que certains parents se dessaisissent de nombreuses paies dérisoires correspondant à de longs mois de labeur, alors qu’ils n’arrivent plus à joindre les deux bouts.

C’est peut-être aussi le moment de rappeler que le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) en Tunisie ne dépasse pas les 460 dinars (148 dollars) pour un régime de 48 heures, sans parler des employés qui sont dans des situations précaires, ce qui pousserait le simple consommateur à réorganiser ses priorités.

Source Agence Anadolu

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