Les banques du Proche-Orient n’assurent pas des niveaux suffisants d’investissements dans l’économie réelle, malgré leur poids prépondérant dans les secteurs financiers régionaux. Analyse
L’accent porté sur l’investissement public et les entreprises d’État affaiblissent les flux destinés aux secteurs productifs privés et met à mal l’enjeu de diversification des structures productives. Tous les pays de la région se situent ainsi sous la moyenne mondiale de financement du secteur privé par rapport au PIB (98,6%), avec une moyenne de 50% pour les pays de la région, et des parts de crédits qui descendent à 13% du PIB pour le Liban et l’Irak.
Les niveaux d’inclusion financière sont très inégaux et créent des disparités de développement.
Au niveau régional, les taux de bancarisation sont très hétérogènes, allant de 19% pour l’Irak à 93% pour Israël en 2021. Au niveau national, des inégalités d’accès au crédit sont également visibles. Le taux de bancarisation des femmes est systématiquement plus faible que la moyenne nationale, comme observé dans le cas jordanien avec un écart de 13 points de pourcentage en 2021. D’autres disparités peuvent exister, par exemple en Israël où un écart de 23 points de pourcentage existe entre le taux de bancarisation des populations juives et celui des populations arabes.
Les banques et l’État nourrissent des fragilités respectives, créant des risques financiers et macro-économiques importants.
La boucle « banque-souverain » est en effet très présente au Proche-Orient, en particulier par le biais de l’exposition à la dette souveraine par les banques locales, notamment au Liban, en Égypte et en Jordanie. Ainsi, l’implication de l’État peut fragiliser la gouvernance et le rôle des banques, tandis que la fragilité des banques peut devenir un frein pour la croissance et le fonctionnement des marchés financiers.
Les banques du Proche Orient ont des performances et exposition au risque de solvabilité et liquidité très hétérogènes.
Les niveaux de solvabilité disparates des banques sont les fruits de modes de gouvernance différencié selon les pays. La disponibilité de liquidités dans les banques est lourdement influencée par et le niveau des dépôts et de confiance dans le système bancaire, facteur qui a notamment provoqué une crise de liquidités au Liban depuis 2020. L’absence de marché interbancaire, notamment en Irak, est un facteur de fragilisation des banques qui se retrouvent vulnérables en situation de pénuries de liquidités.
Le niveau de performance des banques varie fortement selon les pays. L’Égypte et Israël enregistrent respectivement un rendement sur leurs fonds propres (RoE) en 2022 de 16,1% et 16,4%, ainsi qu’un taux de crédits non-performants de 3,4% et 0,71%. La Syrie fait également partie des pays avec les rendements sur ses fonds propres les plus élevés (31,95% en 2021). En revanche, l’Irak et le Liban enregistrent les moins bonnes performances bancaires de la région, avec un RoE qui s’élevait respectivement en 2021 à 4,8% et 0,35%.
Les banques sont concurrencées par des systèmes parabancaires, dans un contexte d’économie en cash qui compromet l’efficacité de celles-ci.
L’importance de l’intermédiation financière par les banques est remise en cause par la part grandissante de l’économie informelle opérant en cash. Dans ce contexte, les bureaux de change et hawala font concurrence aux banques traditionnelles, en particulier en Irak, au Liban et en Syrie.
Source : Ambassade de France au Liban
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