Bien que relativement diversifiés par le passé, les secteurs productifs syriens se sont écroulés depuis 2011. La Banque Mondiale estime que les pertes cumulées du PIB entre 2011 et 2016 atteignent 226 Mds USD, soit environ 4 fois le PIB de 2010. Particulièrement touché, le secteur manufacturier s’est majoritairement réorienté vers une économie de guerre, dans un contexte de raréfaction des établissements industriels (130 000 en 2011 contre 70 000 en 2018).
L’économie syrienne repose à présent sur trois rentes principales. Premièrement, la Syrie a développé une forte dépendance à l’aide humanitaire, qui permet de maintenir un certain niveau de flux financiers extérieurs, représentant plus de 37 Mds USD ces 9 dernières années (2015-2023).
Ces volumes d’aide humanitaire n’ont en revanche pas cessé de diminuer, passant de 4,7 Mds USD en 2015 à 2,4 Mds USD en 2022 (-49%). Ensuite, la rente issue de l’exploitation du phosphate est devenue une importante source de revenus en devises, en particulier depuis que les exportations de produits pétroliers ont été réduites suite aux sanctions. La Syrie détient les 4ème réserves de phosphate brut au monde. La production a été longtemps arrêtée lors des destructions massives d’infrastructures de transports en 2012, puis lors de la reprise des mines de phosphate par l’État islamique en 2015. Toutefois, la valeur des exportations de phosphate est en hausse depuis 2017, atteignant 46 M USD pour l’année 2022 (+250% par rapport à 2019). Enfin, les dérivés pharmaceutiques illégaux représentent une autre source majeure de devises, en particulier le captagon. Cette drogue, principalement consommée en Arabie saoudite, aurait permis à la Syrie de générer plus de 5,7 Mds USD en 2021.
Le secteur financier, en particulier bancaire, n’assure pas pour le moment des investissements suffisants dans le secteur privé pour diversifier ces sources de revenus. Toutefois, les banques privées redressent progressivement le niveau de leurs actifs depuis 2016, évolution portée par le développement des banques golfiques dans le pays. Le statu quo du conflit, ses séquelles profondes et les dernières catastrophes naturelles empêchent le redressement du pays. Les destructions de capital physique ont mis à mal les capacités de production et de transport. Les sanctions empêchent la majorité des échanges avec d’autres pays, réduisant le nombre de partenaires commerciaux aux alliés du régime et aux échanges transfrontaliers illicites.
La déroute du système éducatif (7 000 écoles endommagées ou détruites et environ 2 millions d’enfants non scolarisés selon l’UNICEF) et l’ampleur du nombre de déplacés internes (6,9 M en 2022) et hors du pays (6,6 M en 2021 selon les Nations Unies) ont causé des dommages irréversibles sur le capital humain. Les séismes de février 2023, ainsi que l’intensification des frappes depuis le mois d’octobre assombrissent d’autant plus les perspectives de redressement.
Source Ambassade de France au Liban, Service économique
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