Du fait des difficultés à mobiliser des financements à l’international, en raison du durcissement des politiques monétaires, le secteur public tunisien s’est davantage tourné, en 2022, vers le marché intérieur en sollicitant les banques. Cette situation s’est traduite par une hausse de 23,1 % des financements accordés par les banques à l’Etat et aux entreprises publiques.
A fin 2022, les financements bancaires octroyés à l’Etat et aux entreprises publiques tunisiennes ont augmenté de 23,1 %, pour se situer à 31,4 milliards de dinars tunisiens (10,1 milliards de dollars). Ils représentaient 20,7% du total des actifs des banques. C’est ce qui ressort du Rapport annuel sur la supervision bancaire exercice 2022 publié fin décembre 2023 par la Banque centrale de Tunisie.
Près de 72% de cette augmentation de financements bancaires est expliqué par les souscriptions dans les nouvelles émissions de l’Etat sous forme de bons du Trésor et d’emprunts nationaux. En effet, l’Etat a levé sur le marché local tunisien, 19 milliards de dinars sous forme de bons du Trésor et d’emprunt obligataire national en 2022. Les émissions de bons de trésor de l’Etat ont plus que doublé pour atteindre 16 milliards de dinars. 2,9 milliards de dinars ont été levés grâce à l’émission d’un emprunt obligataire national.
A côté de l’Etat, les banques tunisiennes ont également augmenté de 28,7 % leurs financements aux entreprises publiques. Cette progression de l’endettement de l’Etat tunisien et des entreprises publiques auprès des banques a surtout été le fait des établissements bancaires publics. En effet, les banques tunisiennes à capitaux publics ont fourni un financement global de 18,9 milliards de dinars tunisiens, représentant 33 % du total de leurs actifs, au secteur public.
Il faut dire que l’Etat tunisien ainsi que les entreprises publiques se sont davantage tournées vers les banques locales pour mobiliser des ressources, en raison des difficultés de mobilisation des financements à l’international. La hausse de l’inflation, exacerbée par la guerre en Ukraine, a entrainé un durcissement des politiques monétaires à l’international, avec pour conséquence une hausse du coût du crédit. Cette situation a emmené l’Etat tunisien à se tourner vers son marché intérieur pour lever des fonds et financer son déficit budgétaire.
De nombreux pays africains ont eu recours à des émissions de titres sur leurs marchés intérieurs, souscrites pour l’essentiel par les systèmes bancaires nationaux. Cette situation qui implique une forte dépendance des Etats vis-à-vis des banques a été telle que les émissions d’euro-obligations des pays d’Afrique subsaharienne sont passées de 14 milliards $ en 2021 à 6 milliards $ au premier trimestre 2022.
Pour revenir au cas de la Tunisie, l’accroissement de l’exposition des banques vis-à-vis du secteur public a entrainé une pression sur la liquidité des banques. Mais, ces pressions ont été atténuées par les efforts du secteur bancaire en matière de collecte de dépôts bancaires, avec une hausse de 10,1 % desdits dépôts.
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