vendredi 3 mai 2024
Dernière mise à jour le Vendredi 3 Mai 2024 à 10:52
Les imbrications économiques entre la Syrie et le Liban sont anciennes et impliquent une exposition des deux pays aux chocs et aux instabilités de leur voisin. Cet entremêlement économique est lié à l’intégration commerciale et financière avancée à la fin de l’Empire Ottoman, puis pendant le mandat français et les processus d’indépendance. Les deux économies ont ainsi partagé une seule monnaie et banque centrale (Banque de Syrie et du Liban) entre 1920 et 1963, année de création de la Banque du Liban.
Le ralentissement de l’activité du secteur bancaire libanais a ainsi commencé avec le début de la guerre civile syrienne, qui a eu d’importantes répercussions sur l’économie du Liban
Celle-ci est en effet largement dépendante des investissements directs étrangers, des transferts d’expatriés et des recettes touristiques, trois sources de revenus affectées par la dégradation sécuritaire régionale du fait de la guerre civile syrienne et du développement de Daesh entre 2014 et 2017. Ainsi, les réserves nettes de la Banque du Liban sont devenues négatives à partir de 2014 (de l’ordre de -6,6 Mds USD).
Par ailleurs, bien que difficile à estimer, l’impact économique de la présence de réfugiés syriens au Liban est considérable : selon la Banque Mondiale, l’impact cumulé de l’accueil des réfugiés entre 2012 et 2014 aurait creusé le déficit budgétaire du Liban de 2,6 Mds USD.
A l’inverse, la situation économique syrienne s’est aggravée dans le sillage de la crise financière libanaise
Le système financier et bancaire libanais s’est effondré à partir d’octobre 2019 et s’est traduit par l’impossibilité pour les banques libanaises d’effectuer des transferts en raison d’une pénurie de liquidités. Cette situation a eu des conséquences importantes pour la Syrie, de nombreux déposants et commerçants syriens ayant ouvert des comptes bancaires au Liban pour faciliter leurs affaires tout en profitant des taux d’intérêt élevés proposés par les banques libanaises.
Par ailleurs, l’implication des banques libanaises en Syrie a été fortement réduite suite à la crise financière.
En 2022, les résultats des filiales de banques libanaises en Syrie ont enregistré une baisse de 60% par rapport à 2021 ; résultats liés au manque de liquidités dans les banques et à la dépréciation aggravée de la livre syrienne.
En outre, cette interconnexion entre les deux pays s’est illustrée par la dépréciation exponentielle et parallèle des deux monnaies à des niveaux historiques entre 2020 et 2023. L’implosion du modèle économique libanais à partir de 2019 et le conflit en Syrie ont ainsi très fortement limité les flux d’investissements entre les deux pays et provoqué une recomposition du paysage bancaire en Syrie.
Les relations commerciales – formelles et informelles – demeurent très étroites entre les deux pays
Le Liban partage la totalité de ses frontières terrestres ouvertes avec la Syrie, notamment au travers de quatre points de passage frontaliers. Pour la Syrie, le Liban demeure un partenaire commercial de premier plan (467 M USD d’échanges bilatéraux en 2022).
Sur la dernière décennie, on observe une stagnation du niveau des importations libanaises depuis la Syrie (autour de 116 M USD par an depuis 2015), et une fluctuation plus aléatoire des exportations libanaises (en moyenne 200 M USD par an depuis 2015).
A ces flux formels doivent s’ajouter les flux informels, qui sont très importants entre les deux pays. Le trafic de drogue, et notamment de captagon, a explosé au Liban du fait de la guerre en Syrie.
En-dehors de la drogue, d’autres trafics se sont développés entre Liban et Syrie, qui ont notamment tiré avantage des politiques de subventions pratiquées dans ces deux pays et des besoins de guerre, notamment concernant l’approvisionnement en fuel.
Source : Ambassade de France au Liban
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