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Agence Ecofin
mardi 16 juillet 2024 Dernière mise à jour le Mardi 16 Juillet 2024 à 07:00

Selon les prévisions de la BAD, la croissance du PIB du Maroc devrait atteindre 3,3% en 2023-2024. Pour l’institution, l’économie marocaine devrait mieux performer par rapport aux deux précédentes années où elle a été affectée par une série de chocs internes (séisme, sécheresses) et externes (tensions sur les cours mondiaux de matières premières). Ce regain de santé, s’il se confirme, tomberait à point nommé pour le roi Mohammed VI qui fête 25 ans au pouvoir.

Depuis son accession au trône en juillet 1999, le monarque a su conduire le pays sur une voie de transformation économique sans précédent. Des réformes importantes pour attirer les investissements à une véritable stratégie de diversification de l’économie en passant par de vastes projets d’infrastructures, le Maroc s’est modernisé, même si tout n’aura pas été une réussite. Zoom sur les principales étapes de cette transformation économique au cours des 25 dernières années.

Une transformation économique en chiffres

Les données macroéconomiques ne suffisent pas en général pour mesurer le niveau de développement d’un pays, mais ils permettent de s’en faire une idée globale. Celles du Maroc sous le règne de Mohammed VI sont assez élogieuses.

Pour l’indicateur phare qu’est le PIB, celui du Maroc est passé de 46,27 milliards $ en 1999 à 130,91 milliards $ en 2022. Il s’agit d’une croissance de 183%. Dans le même temps, le PIB par habitant a plus que doublé sur la période, passant de 1627 dollars à 3442 dollars en 2022.

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En dehors de la croissance du PIB, plusieurs autres indicateurs ont connu des améliorations significatives dans le royaume chérifien sur les 25 dernières années. A titre d’illustration, le nombre de Marocains vivant sous le seuil de pauvreté a ainsi drastiquement chuté, passant de 15,3% en 2000 à seulement 4,8% en 2013, selon les dernières données disponibles de la Banque mondiale.

En outre, le pays se distingue également par l’évolution de ses performances en matière d’industrialisation. Selon l’Africa Industrialization Index 2022 de la BAD, le Maroc figure parmi les pays africains disposant des plus grandes capacités de fabrication, uniquement devancé par l’Afrique du Sud. Le pays fait notamment mieux que ses voisins, l’Egypte et la Tunisie.

Tanger Med est devenu l’un des plus grands hubs logistiques au monde

Dans un autre classement publié en octobre 2023 par l’African Center for Economic Transformation (ACET), le Maroc est le pays africain qui a le mieux réussi à transformer son économie entre 2000 et 2020. Sous la direction de Mohammed VI, le Maroc s’est aussi positionné comme l’un des plus grands hubs logistiques au monde. Tanger Med s’est imposé comme l’un des plus grands acteurs du commerce maritime international, se classant comme le port africain le plus performant de l’indice annuel de la Banque mondiale.

Déjà en hausse sous le règne de son père, feu Hassan II, l’électrification du pays s’est accélérée sous le règne de Mohammed VI. Le pourcentage de la population qui a accès à l’électricité est passé de 67,7% en 1999 à 96,5% en 2006. En 2021, l’ensemble de la population marocaine avait accès à l’électricité, selon la Banque mondiale.

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La démocratisation de l’accès à internet est un autre succès à mettre à l’actif du roi. Les données de la Banque mondiale soulignent en effet une importante progression de l’utilisation d’internet au sein de la population du royaume, au cours des 25 dernières années. Le pourcentage de la population utilisant Internet est passé de 1% en 2000 à 88% en 2021.

Les réformes économiques majeures

La transformation économique du Maroc a été portée par une série de réformes structurelles majeures et une modernisation du secteur financier. Priorisant la stabilité économique et l’accès aux services bancaires, le gouvernement a créé deux organismes importants, l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) et l’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS).

Le premier, mis sur pied en remplacement du Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières, s’est vu confier comme missions de veiller à la protection des épargnants ainsi qu’au bon fonctionnement et à la transparence des marchés de capitaux. Quant au second, il était chargé d’insuffler une nouvelle dynamique au secteur des assurances. De concert avec Bank Al-Maghrib, la banque centrale marocaine, ces deux entités ont permis d’assurer une coordination plus solide et un contrôle plus efficace du secteur financier du royaume.

Parallèlement, le gouvernement a pris plusieurs mesures visant à diversifier les instruments financiers en introduisant des Sukuks et en mettant en place des Organismes de Placement Collectif Immobilier (OPCI), dont le rôle était de mobiliser l’épargne pour financer l’immobilier.

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L’autre grand axe de travail auquel s’est attelé le gouvernement de Mohammed VI était l’amélioration de l’inclusion financière. Pour ce faire, l’exécutif a lancé de nouveaux produits d’épargne longue ainsi qu’une gamme de services financiers visant à une meilleure bancarisation. De plus, l’Etat a développé une stratégie nationale de la microfinance destinée à faciliter l’accès au financement pour les ménages à faible revenu et les petites entreprises.

De la mise en place du Casablanca Finance City (CFC), qui a positionné le Maroc comme un hub économique et financier régional, à la modernisation de la Bourse de Casablanca en passant par l’introduction d’obligations vertes, de nombreuses autres mesures et initiatives ont été mises en œuvre pour renforcer la confiance des investisseurs et intégrer le Maroc dans l’économie mondiale.

Par ailleurs, sous le règne de Mohammed VI, la stratégie de privatisation amorcée en 1993 a été poursuivie afin de réduire le poids de l’Etat dans certaines entreprises et d’attirer davantage d’investissements privés. Cette politique a permis d’augmenter les revenus de l’État, générant des recettes significatives utilisées pour financer des projets de développement et réduire le déficit budgétaire.

La stratégie de privatisation amorcée en 1993 a été poursuivie afin de réduire le poids de l’Etat dans certaines entreprises et d’attirer davantage d’investissements privés.

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Parmi les exemples marquants de succès dans ce domaine, on peut citer la privatisation de Maroc Telecom, devenu un acteur majeur des télécommunications en Afrique francophone, tout comme celle d’autres entreprises comme la Régie des Tabacs, la Banque Centrale Populaire ou encore la Cosumar. Selon les données du gouvernement, ce sont au total 48 sociétés et 26 établissements hôteliers, qui ont été transférés au secteur privé, à travers 116 opérations de cession entre 1993 et 2012.

« Depuis plus de vingt ans, les réformes ont été planifiées graduellement, avec détermination, conformément à l’engagement du Souverain. Économie, éducation, progrès social […]. Pour la cohésion de notre pays, il faut asseoir un système de solidarité fort », a déclaré Mustapha Baïtas, ministre chargé des Relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement marocain, en marge de l’Africa Investment Forum 2023.

Une multiplication des IDE grâce à un climat des affaires plus attractif

Le Maroc a attiré plus de 370 milliards de dirhams (environ 37,37 milliards $) d’investissements nets étrangers entre 2007 et 2023, soit une moyenne annuelle de 21,5 milliards de dirhams. Entre autres exemples récents illustrant la multiplication des IDE, on retrouve un investissement de 1,5 milliard de dollars de Ryanair, 300 millions d’euros de Stellantis ou encore un projet de 12,8 milliards de dirhams (1,29 milliards $ environ) pour la fabrication de batteries électriques lancé par Gotion High-Tech. Le pays s’est industrialisé en moins d’une génération.

Ces chiffres traduisent bien l’attractivité du Maroc pour les investisseurs internationaux. En 2022 et 2023, le pays occupe la première place dans les indices de la stabilité et de l’attractivité en Afrique de l’Institut Amadeus. En 2023, selon « EY Africa Attractiveness Report », le pays est également le troisième en Afrique, en ce qui concerne le nombre de projets IDE, avec 71 projets totalisant 21 milliards de dollars d’investissement.

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Si ces performances permettent de mesurer l’efficacité des réformes susmentionnées, il faut souligner qu’elles sont également le résultat d’une série d’actions entreprises par les autorités pour améliorer le climat des affaires. Parmi les autres réformes les plus marquantes, on retrouve l’adoption dès 2000 de la Loi sur la liberté des prix et de la concurrence, qui a été une étape cruciale, parce que favorisant la libre concurrence et interdisant les pratiques anticoncurrentielles.

En 2010, la création du Comité National de l’Environnement des Affaires (CNEA) a renforcé cet élan. Chargé de moderniser le cadre juridique et réglementaire des affaires, le CNEA a introduit des réformes pour simplifier et dématérialiser les procédures administratives, facilitant ainsi les opérations commerciales. L’Identifiant Commun de l’Entreprise (ICE), rendu obligatoire en 2011, a fluidifié la communication entre administrations, marquant une avancée significative dans la simplification des démarches administratives.

La dynamique de modernisation s’est intensifiée avec la création de l’Observatoire Marocain de la TPME en 2013. Cet organisme centralise les données sur les petites et moyennes entreprises, améliorant leur accès aux services financiers et soutenant leur développement. En 2014, la loi sur les contrats de partenariat public-privé (PPP) a établi un cadre juridique incitatif, permettant aux autorités publiques de bénéficier des capacités d’innovation et de financement du secteur privé. La Loi 23-13, également adoptée en 2014, a renforcé les droits de propriété industrielle, stimulant l’innovation et protégeant les actifs intellectuels.

En 2015, la Commission nationale de la commande publique a été créée pour renforcer la transparence et l’équité dans les marchés publics. Les réformes de 2016, notamment la Loi sur les baux commerciaux et les décrets fixant les délais de paiement pour les marchés publics, ont davantage amélioré le cadre réglementaire des affaires. Plus récemment, en 2022, le Maroc a adopté la loi-cadre formant Charte de l’Investissement, avec des dispositifs de soutien et des mesures d’amélioration du climat des affaires.

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« Dans l’ensemble, les efforts déployés par le Maroc pour améliorer son climat des affaires montrent une volonté politique forte et un engagement continu en faveur du développement économique et de l’attractivité du pays pour les entreprises et les investisseurs étrangers », a déclaré dans un entretien accordé en 2023 au site Finance News Hebdo, Nesrine Roudane, avocate au barreau de Casablanca.

Les perspectives 

En 25 ans de règne, Mohammed VI a profondément transformé le paysage économique du Maroc. Si sur les dernières années, son Maroc a subi un certain nombre de chocs majeurs (pandémie de Covid-19 et crise économique connexe, catastrophes naturelles, etc.), le pays a su faire face et les perspectives à court terme sont prometteuses. Selon la Banque mondiale, la reprise économique devrait se renforcer à moyen terme et la croissance du PIB réel devrait atteindre 3,1 % en 2024, 3,3 % en 2025 et 3,5 % en 2026, la demande intérieure se remettant progressivement des chocs récents.

« Franchir de nouveaux seuils sur la voie du progrès et à échafauder des projets de plus grande envergure, dignes des Marocains ». Ces mots du roi Mohammed VI prononcés lors d’un discours le 30 juillet 2019 montrent la recherche constante de progrès du pays qui devrait encore être le leitmotiv pour les prochaines années. Le Maroc continuera de bénéficier de sa position stratégique, et de toutes les réformes mises en œuvre sur ces 25 dernières années. 

Cependant, il devra redoubler d’efforts pour relever certains défis qui subsistent, notamment en ce qui concerne les inégalités sociales et régionales, la nécessité de réformer davantage le système éducatif et de renforcer la résilience face aux impacts du changement climatique. Le Maroc de Mohammed VI devra également continuer à améliorer la gouvernance et à lutter contre la corruption pour assurer un environnement d’affaires encore plus favorable.

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