L’économie irakienne est très peu diversifiée et est caractérisée par un secteur privé faible, en particulier dans l’Irak hors Kurdistan, et un manque d’infrastructures. Le secteur pétrolier représentait 45% du PIB en 2023.
L’industrie non-pétrolière (industrie manufacturière, électricité, eau et construction) ne représente qu’entre 5 et 10% du PIB selon les années (5,4% en 2022). Les infrastructures en Irak ont beaucoup souffert des décennies de conflits et de sanctions de 1980 à 2017 – les coûts de la seule reconstruction post-Daesh ont été estimés par la Banque Mondiale à 57 Mds USD en 2018. Le secteur privé irakien n’est en général pas en mesure d’assurer ces investissements.
S’il existe de grands conglomérats irakiens (les groupes KAR, Qaiwan, Hewa, Khoshnaw, Farouk au Kurdistan, Al-Handal, Al-Bunnia, ALMCO, Ruban Al-Safina, Shamarra, March Holding Group dans le reste de l’Irak), souvent familiaux, ceux-ci sont freinés par un secteur bancaire incapable d’assurer le financement de l’économie. Le gouvernement d’Al Soudani tente de mettre l’accent sur le développement du secteur privé et l’investissement privé, d’autant plus que les ressources publiques sont contraintes. En effet, si les revenus pétroliers sont importants (de 40 à 60% du PIB selon les années), et portés récemment par un prix élevé du baril, l’exécution des dépenses d’investissement est souvent sacrifiée au profit des dépenses de fonctionnement (75% du budget), nécessaires pour assurer la paix sociale.
Le gouvernement d’Al Soudani a ainsi mis en place des mécanismes pour développer le secteur privé et l’industrie non-pétrolière : Émission de garanties souveraines au secteur privé irakien pour l’importation d’usines ou de lignes de production dans un nombre limité de domaines jugés prioritaires (médicaments, construction, chimie et pétrochimie, agriculture, sécurité alimentaire). Ces garanties souveraines doivent théoriquement permettre aux exportateurs – notamment occidentaux – d’avoir plus facilement recours aux garanties des agences nationales de crédit-export. Le développement de dispositifs d’accès aux devises étrangères est aussi facilité par la Banque Centrale d’Irak via la négociation d’accords entre des banques étrangères et certaines banques irakiennes. Ce dispositif permettra entre autres d’apporter une sécurité de paiement aux exportateurs. L’investissement privé est également privilégié et facilité via notamment l’Iraqi Fund for Development (IFD).
L’IFD, abondé par le budget de l’État (2,3 Md$ sur 2023-2025), vise à faciliter l’investissement privé et la participation d’entreprises privées (étrangères ou non) en les accompagnant financièrement (à hauteur de 25% maximum) et en créant des partenariats avec elles. Malgré cela, les chantiers restent nombreux pour le gouvernement : des réformes sont attendues sur une multitude de sujets, comme les investissements, les partenariats publics-privés, la fiscalité et la simplification administrative, le secteur bancaire, l’emploi. Pour le moment, malgré l’attention portée aux sujets économiques, aucune réforme d’ampleur dans ces domaines n’a été adoptée sous le gouvernement Al-Soudani (en poste depuis octobre 2022). Une prolongation de son mandat à l’issue des élections générales prévues en octobre 2025 pourrait toutefois lui en donner l’occasion. Source Ambassade de France en Irak
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