Les pays de la zone connaissent dans l’ensemble un niveau d’endettement élevé par rapport à leur niveau de développement : 98% du PIB en Égypte, 89% en Jordanie (114% en incluant le Fonds d’Investissement de Sécurité Sociale), 160% au Liban, 44% en Irak, 62% en Israël, 40% dans les Territoires palestiniens.
La plupart des économies ont connu une trajectoire rapide d’accroissement de l’endettement public En Égypte, les déficits budgétaires successifs ont contribué à la hausse de la dette publique (9,2% en 2024/25). L’Égypte est en effet pénalisée par son service de la dette (2/3 des recettes fiscales) et un différentiel entre le taux de croissance et le taux d’endettement, malgré d’importants excédents budgétaires primaires (2,1% en 2023/2024). En Jordanie, la dette publique a enregistré une forte augmentation à la suite de la pandémie de Covid-19.
Malgré les recettes pétrolières, la trajectoire budgétaire en Irak est incertaine et fragile : dans l’hypothèse d’une modération du prix du baril, le FMI anticipe une succession de déficits budgétaires croissants à plus de 10% sur 2026-2029. Pour Israël, le déficit budgétaire pourrait atteindre 8% du PIB fin 2024, une conséquence de l’économie de guerre. Le cas du Liban est spécifique, étant en défaut de paiement et connaissant une contraction très importante de ses dépenses publiques. Les incertitudes sur les périmètres de comptabilité incitent à une grande prudence dans l’analyse des trajectoires d’endettement.
En Irak, l’évaluation de la dette publique reste un exercice incertain, compte tenu de la non comptabilisation de garanties publiques, des passifs contingents liés au fonds de retraite ou des arriérés du Gouvernement Régional du Kurdistan. En Égypte, la complexité de la consolidation des administrations et entités publiques a dégradé le pilotage des finances publiques. EGPC, société publique pétrolière égyptienne fait ainsi l’objet d’une attention particulière par le FMI. La soutenabilité de la dette est partout sujette à caution, bien qu’aucune économie de premier plan ne voie sa dette considérée comme insoutenable.
En Égypte, le FMI l’estime viable mais sans forte probabilité, avec des risques souverains élevés (61% du PIB à l’issue du programme, contre 91% attendus cette année). Si la dette externe a augmenté du fait de la dépréciation de la livre égyptienne, son effet est en partie contrebalancé par l’apport de fonds de l’accord de Ras el Hikma (dont 50% des 24 Mds USD de capitaux entrants est affecté au désendettement avec par ailleurs la conversion de 11 Mds USD de dépôts émiriens à la Banque Centrale Égyptienne).
En Irak, l’absence complète de stratégie de gestion de la trésorerie et de la dette, et la hausse anticipée des besoins de financement, pourraient menacer la soutenabilité de la dette. La trésorerie de l’État, qui fluctue en fonction des recettes pétrolières, ne fait l’objet d’aucune optimisation. En Jordanie, les risques sur la soutenabilité de la dette perdurent, liés notamment aux chocs externes dans un contexte de forte instabilité régionale. En Israël, la hausse des rendements des obligations d’État à 10 ans reflète une diminution de la demande, les investisseurs considérant aujourd’hui Israël comme un investissement plus risqué. Pour le Liban, en l’absence de programme FMI et de plan de restructuration consolidé du secteur financier, aucune perspective d’accord de restructuration n’existe actuellement. Source : Service Economique Ambassade de France au Liban
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