Le président Abdel Fattah Al-Sissi a participé au 16ème Sommet des BRICS à Kazan en Russie en octobre, marquant la première participation de l’Égypte en tant que membre officiel depuis son adhésion le 1er janvier 2024.
À cette occasion, le président a réaffirmé l’importance de la coopération Sud-Sud pour faire face aux défis économiques mondiaux, alors que l’Égypte a connu ces dernières années d’importantes difficultés économiques, notamment plusieurs épisodes de dévaluation de la livre égyptienne.
Ces derniers mois, les tensions en mer Rouge ont causé une baisse significative (évaluée entre 60 et 70%) des revenus tirés du canal de Suez.
Dans ce contexte, l’adhésion aux BRICS+ a été présentée comme une opportunité stratégique, porteuses d’alternatives en matière de financement, notamment par l’usage envisagé des monnaies locales pour réduire la pression sur les réserves en devises et la dépendance au dollar.
Lors du sommet, le Président Al-Sissi a également insisté sur la nécessité de réformer la structure financière mondiale pour mieux répondre aux besoins des pays en développement.
En juin 2024, l’Égypte avait accueilli le premier forum de la Nouvelle Banque de Développement (NDB), dont elle détient 2,27% du capital, renforçant ainsi son accès à des financements concessionnels additionnels.
L’adhésion aux BRICS+ permet notamment à l’Égypte de capitaliser sur sa position géostratégique, le canal de Suez restant une pierre angulaire de la stratégie chinoise des nouvelles routes de la soie (Belt and Road Initiative).
La Chine est ainsi le premier investisseur dans la zone économique du canal de Suez, notamment via la coopération sino-égyptienne TEDA.
En matière de transition énergétique, l’Égypte ambitionne d’attirer de nouveaux investissements des membres des BRICS pour atteindre son objectif de 40%, revu à la baisse fin octobre, d’électricité issue du renouvelable d’ici 2040 ; engagement réaffirmé à Kazan par un soutien actif au Conseil des Affaires des BRICS destiné à renforcer les liens entre les secteurs privés des pays membres.
Les échanges commerciaux entre l’Égypte et les BRICS+ relèvent davantage de dynamiques bilatérales préexistantes que d’une véritable intégration commerciale, qui demeure limitée en raison de l’absence d’accords multilatéraux structurants.
Les échanges commerciaux de l’Égypte avec les pays des BRICS sont passés de 26,2 Mds USD sur les huit premiers mois de l’année 2023 à 30,2 Mds USD sur la même période de l’année 2024, soit une hausse de 15 % en glissement annuel.
Ces échanges ont représenté 31 % du commerce extérieur de l’Égypte, mais demeurent essentiellement limités aux produits de base ou intermédiaires.
Ainsi, au premier semestre 2024, la Chine reste le premier fournisseur de l’Égypte (6,4 Mds USD d’importations) tandis que l’Arabie saoudite est son premier client (1,6 Md USD d’exportations).
Malgré des contrats phares remportés notamment dans le cadre de la construction du quartier financier de la nouvelle capitale administrative (par la Chine) et de la centrale nucléaire d’El Dabaa (par la Russie), les investissements directs à l’étranger en provenance des membres fondateurs des BRICS restent modestes.
À l’inverse, les nouveaux membres, notamment les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, se démarquent par des engagements significatifs, comme le projet de Ras El Hekma (35 Mds USD) et des annonces du fonds d’investissement saoudien, initiés avant l’adhésion aux BRICS.
L’adhésion aux BRICS devrait principalement permettre à l’Égypte de renforcer les relations bilatérales existantes, sans accélération majeure.
Bien que le sommet de Kazan n’ait pas abordé la question d’un accord multilatéral, il a offert à l’Égypte des perspectives de renforcement bilatéral de ses partenariats au sein du groupe.
Cependant, pour capitaliser sur ce potentiel, le pays devra surmonter des défis majeurs en termes de compétitivité.
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