Libye : La situation va-t-elle s’améliorer ? Quelles sont les dernières informations à retenir ?
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Agence Ecofin
dimanche 9 février 2025 Dernière mise à jour le Dimanche 9 Février 2025 à 07:00

Indésirable en Syrie depuis la chute du président Bachar al-Assad, Moscou jette son dévolu sur un autre pays méditerranéen pour occuper le flanc sud de l’OTAN et assurer la logistique de ses opérations en Afrique.

Le maréchal Khalifa Haftar, chef d’une des deux factions qui s’affrontent pour le pouvoir en Libye, a offert à la Russie une base aérienne désaffectée située dans l’extrême sud du pays, près de la frontière avec le Tchad et le Soudan, pour qu’elle en fasse un hub logistique pour les opérations militaires en Afrique. L’information a été rapportée par l’agence de presse italienne Agenzia Nova, qui cite des sources libyennes bien informées.

Moscou a déjà envoyé de grandes quantités d’équipements militaires ainsi qu’une force d’officiers et de soldats syriens, qui ont fui leur pays après la chute du régime de Bachar al-Assad, sur cette base baptisée Maaten al-Sarra, a-t-on ajouté de même source.

Epaulés par des techniciens russes, ces militaires syriens ont commencé à remettre la base aérienne en service, en restaurant les infrastructures telles que les pistes d’atterrissage et les entrepôts. Cependant, la base a encore besoin de nouvelles installations, notamment des logements, des entrepôts, des tours de contrôle et des clôtures de sécurité.

Selon les sources d’Agenzia Nova, un important convoi militaire d’une brigade des forces terrestres de l’armée nationale libyenne (ANL) dirigées par Saddam Haftar, fils de l’homme fort de l’Est libyen, s’est récemment rendu à Maaten al-Sarra pour sécuriser la zone et protéger les routes nécessaires à l’approvisionnement de la base en armes et en carburant depuis le port de Tobrouk, dans le nord-est de la Libye.

A terme, la base aérienne est appelée à devenir un centre logistique clé pour les opérations militaires russes en Afrique, en particulier au Soudan, au Mali, au Burkina Faso et au Niger, où la Russie a consolidé sa présence militaire ces derniers mois.

La base aérienne de Maaten al-Sarra a été utilisée en 1987 par l’armée de l’air libyenne pour attaquer les positions de l’armée tchadienne dans le cadre de « la guerre des Toyota ». Une violente riposte de l’armée tchadienne avait alors détruit une partie de la base, dont l’aérodrome était doté de trois pistes modernes et d’un grand espace de parking pouvant accueillir plus de 100 avions de combat.

Des capacités dans quatre petites bases aériennes

Minée par les divisions depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est gouvernée par deux exécutifs. Dirigé par Abdulhamid al-Dbeibah, le premier exécutif est installé à Tripoli (Ouest) et reconnu par la communauté internationale. Le second, qui siège à Benghazi (Est), est soutenu par le chef de guerre Khalifa Haftar qui contrôle de larges pans du territoire libyen et bénéficie du soutien de plusieurs puissances étrangères, dont la Russie et les Emirats arabes unis.

La Russie et ses supplétifs d’Africa Corps (ex-Wagner) ont renforcé ces derniers mois leur présence en Libye avec le transfert de près de 2000 combattants vers ce pays d’Afrique du Nord au printemps 2024, selon le collectif All Eyes on Wagner, un groupe de recherche composé notamment d’universitaires et d’experts en cybersécurité. Moscou dispose également de capacités opérationnelles dans quatre petites bases aériennes libyennes (Al-Khadim, Al-Jufra, Ghardabiya et Brak Al-Shati), qui abritent notamment des systèmes antiaériens, des chasseurs MiG-29 et des drones.

Citant des responsables américains et des images satellitaires, la chaîne de télévision CNN avait rapporté, à la mi-décembre 2024, que la Russie a commencé à déplacer des équipements militaires de la Syrie vers l’est de la Libye. « Les Russes ont commencé à déplacer des moyens navals de la Syrie vers la Libye », ont déclaré deux responsables américains à CNN.

Un autre responsable du département de la Défense a confié à la chaîne d’information américaine que Moscou avait « accru la pression sur le commandant de l’Armée nationale libyenne, Khalifa Haftar, pour obtenir l’accès à un port à Benghazi ».

En 2015, une intervention militaire de la Russie en Syrie avait permis au président syrien Bachar al-Assad de se maintenir au pouvoir face à la progression des factions rebelles dans le nord et le nord-ouest, et aux incursions du groupe Etat Islamique au centre et à l’est. En contrepartie de ce soutien, Damas a offert à Moscou la base aérienne de Hmeimim et la base navale de Tartous situées dans le nord-ouest du pays, sur la côte méditerranéenne. Ces bases sont devenues au fil du temps un véritable hub pour les opérations russes en Afrique.

Les troupes russes ont été cependant obligées de quitter la Syrie; à la suite du récent effondrement du régime Assad, dans la foulée d’une offensive éclair menée par une coalition rebelle dominée par Hayat Tahrir Al-Cham (HTC, Organisation de libération du Levant).

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