Ces dernières années, les relations entre l’Algérie et la France sont tendues. Outre l’immigration, les discussions achoppent sur les questions mémorielles, Alger pointant régulièrement du doigt les conséquences néfastes de la période coloniale française entre 1830 et 1962.
L’Algérie s’apprête à franchir un cap dans sa politique mémorielle en préparant une loi visant à criminaliser la colonisation. Le 23 mars 2025, le président de l’Assemblée nationale, Brahim Boughali a annoncé la création d’une commission ad hoc chargée d’élaborer ce projet.
« Tous les moyens nécessaires seront mis à la disposition de cette commission pour accomplir ses missions. Elle pourra faire appel à toutes les compétences, aux experts et aux juristes intéressés par les questions mémorielles et les crimes commis contre l’Algérie, l’Homme et l’Histoire durant la période 1830-1962 », indique Algérie Presse Service (APS), l’agence de presse publique du pays.
Cette initiative s’inscrit dans un climat de tensions diplomatiques croissantes entre l’Algérie et la France, son ancien colonisateur. Selon plusieurs observateurs, les relations entre les deux pays sont à leur plus bas niveau depuis l’indépendance en 1962. La reconnaissance par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental a été perçue par Alger comme une trahison, exacerbant les dissensions.
S’ajoute à cela le contentieux migratoire, avec le refus de l’Algérie d’accueillir certains de ses ressortissants expulsés et la menace française de réviser l’accord de 1968. La situation s’est encore envenimée avec l’arrestation d’influenceurs algériens en France et l’incarcération en Algérie de l’écrivain Boualem Sansal.
La mémoire coloniale reste, elle aussi, un sujet de discorde majeur. En septembre 2021, lors d’un dîner, Emmanuel Macron avait accusé le « système politico-militaire » algérien d’entretenir « une rente mémorielle », des propos qui avaient provoqué une crise diplomatique, conduisant au rappel de l’ambassadeur d’Algérie à Paris.
Pourtant, un signe d’apaisement semble émerger. Samedi 22 mars, le président algérien a réaffirmé à la télévision nationale maintenir un dialogue avec son homologue français. « Nous travaillons ensemble. Il y a eu, c’est vrai, un moment d’incompréhension, mais il reste le président de la République française. Tous les problèmes doivent se régler avec lui ou avec la personne qu’il délègue », a-t-il déclaré. Une ouverture que Paris perçoit comme un geste de détente.
Jusqu’à présent, les autorités françaises n’ont pas officiellement réagi au projet algérien de criminalisation de la colonisation. Pour Brahim Boughali, cette initiative se veut « une réponse au consensus de tous les courants politiques sur cette question, et un hommage à la mémoire de nos valeureux ancêtres, de la génération de la résistance à celle de la glorieuse Révolution de libération ».
L’Algérie pourrait également s’inspirer de la résolution adoptée en février dernier par l’Union africaine (UA), portée par le Ghana et soutenue par Alger, appelant à des réparations pour les crimes liés à l’esclavage et à la colonisation.
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