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Denys Bédarride
Aujourd'hui Dernière mise à jour le Samedi 13 Septembre 2025 à 06:33

À l’été 2025, la région du Proche et Moyen-Orient a connu l’une de ses plus graves sécheresses des dernières années. Mais pour quelles conséquences pour ces pays du Proche-Orient ?

Au Liban, les apports du lac Qaraoun, plus grand réservoir du pays, situé sur le fleuve du Litani, ont chuté au niveau historiquement bas de 45 à 50 millions de m3 entre juin et août 2025, contre 230 millions l’année précédente. 

En Syrie, il s’agit de la pire sécheresse depuis 1989 selon la FAO ; dans certaines zones du sud, notamment Soueïda et Deraa, le niveau des précipitations est inférieur de moitié à celui de l’année précédente. 

En Irak, les réserves d’eau pourraient ne pas dépasser sur l’année 20 milliards de m3, soit moins de la moitié de la consommation annuelle du pays (48 milliards de m3). 

En Iran, pour l’année hydrologique 2024-2025, le niveau des pluies est inférieur de 45% par rapport à la normale, conduisant à un assèchement quasi-complet de réservoirs comme Lar Dam.

Les implications des sécheresses se déploient sur de nombreux secteurs de l’économie. 

La première branche touchée est l’agriculture. En Syrie, 75% des récoltes de blé pour l’année 2025 sont menacées d’après les estimations de la FAO (juin 2025) : la pénurie pourrait toucher plus de 16 millions de personnes, rendant le pays dépendant aux importations de céréales et à l’aide alimentaire internationale. 

blé

Les sécheresses ont également des conséquences sur l’énergie. Au Liban, plusieurs centrales de production hydroélectrique ont dû fermer (centrale d’Abdel Aal) ou ont vu leur activité drastiquement réduite (centrales de Boulos Arkache et de Charles Helou). Enfin, le rationnement de l’eau a des conséquences néfastes sur la santé : pour mémoire, la crise du choléra en Syrie et au Liban en 2022 était due à un accès insuffisant à une eau potable et de qualité. 

Cette situation est d’autant plus alarmante que le rythme des sécheresses devrait s’intensifier, du fait de la dynamique plus profonde de dérèglement climatique. 

Du fait d’un climat globalement marqué par des hivers secs et de faibles ressources aquifères, les chocs de température intensifient en retour les conditions de vie et de production. En Jordanie, l’un des pays les plus touchés par le stress hydrique dans le monde (moins de 100 mm de pluies annuelles), l’eau provient majoritairement de nappes souterraines qui se vident plus vite qu’elles ne se rechargent, affectant irrémédiablement les sols et l’agriculture. 

En Iran, le risque de désertification concerne 100 millions d’ha du territoire, soit bien plus de la moitié de la surface du pays.

Les conséquences économiques des sécheresses, en termes de coût et d’effets sur le marché du travail, sont par conséquent de plus en plus préoccupantes. 

D’après les estimations de l’OCDE (juin 2025), une sécheresse en 2025 est au moins deux fois plus coûteuse qu’en 2000. À partir de données concernant la zone du Proche et Moyen-Orient (Égypte, Iran, Jordanie, territoires palestiniens dont Gaza), la Banque mondiale a montré qu’un choc négatif de précipitations conduisait à une hausse d’un point de pourcentage du chômage, avec un effet d’autant plus fort que la situation de l’emploi est déjà dégradée (août 2025). 

L’impact concerne tant les zones rurales qu’urbaines, avec un effet marqué sur l’emploi des femmes.

Pour faire face à la sécheresse, plusieurs pays ont mis en place des dispositifs, notamment en termes de gestion de l’eau. 

L’Égypte a lancé un plan de désalinisation, avec l’objectif de produire 10 millions de m3 d’eau dessalée par jour d’ici six ans, d’après une annonce du Premier ministre (fin août 2025). 

C’est le cas également d’Israël, dont plus de 80% de l’alimentation en eau dans les villes provient d’usines de dessalement (OCDE, 2023), tandis que 85% des eaux usées sont recyclées, couvrant 45% des besoins agricoles et 21% de la consommation totale du pays. 

Source Ambassade de France au Liban 

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