Le secteur minier contribue à hauteur de 3% au PIB de la Tunisie et est dominé à 80% par l’exploitation du phosphate. Un produit dont le pays faisait partie des principaux producteurs mondiaux en 2010, avec 8,2 millions de tonnes par an.
Le gouvernement tunisien a adopté un programme d’une durée de 5 ans (2025-2030) visant à porter la production nationale de phosphate à 14 millions de tonnes d’ici 2030. Si cette initiative vise à soutenir la relance de l’économie nationale, selon les propos attribués par la presse locale au chef du gouvernement Kamel Madouri, elle illustre par extension la volonté du pays de faire son retour dans le cercle des principaux producteurs mondiaux de phosphate.
Selon un rapport de l’agence de cartographie américaine US Geological Survey (USGS), la Tunisie arrivait à la dixième position parmi les producteurs mondiaux avec 3,6 millions de tonnes en 2023, loin derrière le quatuor de tête composé de la Russie (14 millions de tonnes), des États-Unis (20 millions de tonnes), le Maroc (35 millions de tonnes) et la Chine (90 millions de tonnes). Pourtant, elle abriterait, selon la même source, les quatrièmes plus grandes réserves mondiales de phosphate, notamment devant la Russie, ou encore la Jordanie et l’Arabie Saoudite, respectivement 5e et 6e producteurs mondiaux.
Cette performance ne constitue que la suite d’une décennie marquée par le déclin de la production nationale. La Tunisie faisait en effet partie des principaux producteurs mondiaux de ce phosphate en 2010, année à l’issue de laquelle elle en a livré un volume record de 8,2 millions de tonnes. La production a cependant baissé pour atteindre 2,4 millions de tonnes en 2011 en marge de la révolution socio-politique qui a secoué le pays cette année-là, et n’est, depuis lors, plus remontée au niveau de référence de 2010.
Avec les plans du gouvernement de produire 14 millions de tonnes d’ici 2030, cette filière pourrait retrouver sa dynamique d’avant 2011, tout en optimisant l’exploitation des réserves du pays. Pour y arriver, on apprend que le plan quinquennal annoncé devrait être axé sur l’optimisation de l’extraction, la transformation et le transport du phosphate. La modernisation des infrastructures existantes et la construction de nouvelles unités industrielles à Gabès et Mdhilla sont entre autres quelques mesures prévues à cet effet.
Notons cependant qu’aucun détail n’a été fourni concernant la feuille de route de ce projet ni sur l’investissement total prévu pour sa mise en œuvre. De plus, on ignore encore si des mesures sont également prises pour limiter les revendications sociales et autres manifestations localisées, lesquelles sont principalement citées parmi les freins affectant le développement de cette filière en Tunisie.
En attendant d’en apprendre davantage sur cette initiative, il convient de noter que sa réussite pourrait contribuer à stimuler le secteur minier tunisien, qui est dominé à 80 % par l’exploitation des phosphates. Cette industrie ne représentait que 3 % du PIB national en 2023.
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