Annoncé depuis près d’une décennie, le projet de liaison terrestre directe entre l’Égypte et l’Arabie Saoudite pourrait bientôt voir le jour, avec des démarches de mise en œuvre qui s’intensifient selon Le Caire
L’Égypte envisage d’accélérer le plan d’interconnexion de l’Afrique à la péninsule arabique grâce à un pont ou à un tunnel devant relier le Sinaï à l’Arabie saoudite. Présenté pour la première fois en 2016 par le roi Salmane, le projet de corridor terrestre entre les deux régions affiche quelques nouveaux développements.
Selon des propos attribués par Reuters au ministre égyptien des Transports, Kamel al-Wazir, la phase de planification technique est achevée. « Nous avons désormais achevé la planification du pont entre l’Égypte et l’Arabie saoudite et sommes prêts à le mettre en œuvre à tout moment, qu’il s’agisse d’un pont ou d’un tunnel » lit-on, sans toutefois plus de précisions sur le coût et le modèle de financement du chantier.
Ce projet qui ambitionne de renforcer le statut de hub logistique international de l’Égypte, intègre aussi un vaste plan de développement du réseau ferroviaire national structuré autour de sept axes, dont trois lignes à grande vitesse entre le port de Sokhna, la Méditerranée, Alexandrie et Assouan.
Une opportunité logistique pour l’Égypte et l’Afrique
Pour l’Afrique, ce projet ajouté aux options de transport aérien et maritime (via le canal de Suez notamment), pourrait développer une interconnexion plus intense avec cette région devenue l’un de ses partenaires commerciaux et financiers les plus stratégiques. Ce corridor, qui peut devenir la première infrastructure terrestre de liaison directe entre les deux continents, devrait ouvrir de nouvelles perspectives pour les réseaux logistiques, le fret, la mobilité des personnes, etc.
Avec les corridors ferroviaires que développe l’Égypte pour raccorder certains pays voisins tels que le Soudan ou la Libye, le plan d’interconnexion à l’Arabie saoudite pourrait particulièrement profiter aux pays d’Afrique de l’Est, du Nord et du Sahel, notamment en termes de réduction des coûts logistiques sur les échanges commerciaux.
Alors que la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) peine à connaître une mise en œuvre effective, une infrastructure de cette envergure renforcerait la compétitivité des chaînes logistiques africaines.
Des défis politiques et environnementaux
Bien qu’il embarque un potentiel de transformation conséquent, le projet est confronté à plusieurs obstacles. D’abord, la sensibilité géopolitique du détroit de Tiran à proximité d’Israël et de la Jordanie, impose des tractations diplomatiques délicates.
Des préoccupations environnementales soulevées concernant l’écosystème marin de la zone pourraient aussi freiner sa réalisation. Aussi, le financement d’un tel ouvrage nécessite plusieurs milliards de dollars, des fonds qui restent à sécuriser.
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