Après l'exaspération, la colère. Sous le hasthag #Pendez-les, des milliers de Libanais ont déferlé le 8 août dans les rues de Beyrouth pour exprimer leur colère face à la classe politique jugée responsable des explosions qui ont fait plus de 150 morts et 6 000 blessés.
En début d’après-midi, les manifestants ont convergé sur la place des Martyrs, épicentre traditionnel des manifestations, avec pour mot d’ordre “Le Jour du jugement”. Des guillotines en bois ont été installées et certains manifestants ont brandi des cordes, un nœud coulant à leur extrémité. “Le peuple veut la chute du régime”, ont-ils scandé, brandissant des pancartes réclamant le départ des “assassins ».
Certains manifestants ont scandé “Vengeance, vengeance, jusqu’à la chute du régime”, certains portant des masques, d’autres des drapeaux ou des portraits des victimes de l’explosion. Dans l’après-midi, les forces de sécurité ont tenté d’empêcher certains groupes d’avancer vers le Parlement.
Dans des rues adjacentes au rassemblement, elles ont tiré des gaz lacrymogènes et des heurts les ont opposés à certains manifestants qui leur ont lancé des pierres.“Après trois jours passés à déblayer les décombres et panser nos plaies, il est temps de laisser exploser notre colère et de les sanctionner pour avoir tué des gens”, a déclaré un manifestant rencontré par l’AFP.
“Nous devons nous dresser contre tout le système (…) le changement doit être à la mesure de l’ampleur de la catastrophe.”
Certains manifestants ont jeté des projectiles vers les policiers qui barraient l’accès à une rue menant vers la Chambre des députés, a constaté un journaliste de Reuters. Des ambulances se sont précipitées sur les lieux. Un adolescent a été victime d’un malaise après avoir inhalé des gaz lacrymogènes. Des patrouilles militaires ont également été déployées dans le secteur.
En fin de journée, des manifestants ont réussi à pénétrer à l’intérieur du ministère des Affaires étrangères. Cette irruption, diffusée en direct à la télévision, est intervenue alors que l’attention des forces de sécurité se concentrait sur le rassemblement de milliers de protestataires dans le centre-ville.
“Nous avons pris le ministère des Affaires étrangères comme quartier général de la Révolution”, a annoncé dans un communiqué, depuis l’élégant perron du ministère, le général à la retraite Sami Rammah, devant quelque 200 personnes qui criaient “Révolution”.
Les protestataires ont déroulé deux immenses banderoles rouges à l’entrée de la villa traditionnelle qui a subi des dégâts en raison de l’explosion, l’une proclamant “Beyrouth, capitale de la révolution”, et l’autre “Beyrouth, ville sans armes”. Selon des journalistes sur place, l’armée les a délogés dans la soirée.
Les banques sont également la cible de la colère des manifestants depuis octobre en raison des restrictions draconiennes imposées sur les retraits et virement à l’étranger.
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