Le chef de l’Armée nationale libyenne (ANL), Khalifa Haftar, a annoncé la reprise de la production et des exportations de pétrole à condition que la répartition des revenus soit révisée, et qu’ils ne servent pas à financer le terrorisme. La Compagnie pétrolière nationale (NOC) a décrété la levée de la force majeure dans les champs et ports sûrs.
Après huit mois de blocus pétrolier, et près de 10 milliards de dollars de pertes financières, l’annonce du maréchal Haftar découle de négociations avec le chef adjoint du Conseil présidentiel (CP) du Gouvernement d’entente nationale (GEN), Ahmed Meitig.
L’accord négocié entre Meitig et Haftar propose :
1/ La reprise immédiate de la production pétrolière et des exportations de tous les champs et ports pétroliers ;
2/ La création d’un comité technique conjoint pour superviser les revenus pétroliers et assurer leur juste répartition pour les trois prochains mois ;
3/ L’unification du taux de change officiel ou de la taxe sur les ventes en devises pour tous ;
4/ La réouverture du système de compensation bancaire et de paiements internationaux avec l’est de la Libye ;
5/ La reprise de l’ouverture des lettres de crédit et des virements bancaires ;
6/ La mise en place d’un mécanisme approprié pour bénéficier de la taxe sur les ventes de devises en l’utilisant pour financer des projets de développement ;
7/ Le soutien de la Compagnie nationale pétrolière (National Oil Corporation – NOC) de manière à assurer la reprise de la production de façon normale, dans le cadre du mécanisme de contrôle financier convenu. Un communiqué de l’Armée nationale libyenne (ANL) précise que cette réouverture se fera pour un mois, pendant que les négociations menées par Meitig auront lieu.
Après avoir déclaré ne pas adhérer à cette initiative et avoir dénoncé la présence des mercenaires de l’agence militaire russe Wagner dans les champs pétroliers, la NOC a ensuite annoncé le 19 septembre 2020 la levée du statut de force majeure pour les champs et ports pétroliers « sûrs », sans préciser les champs concernés.
La force majeure a cependant été maintenue dans les champs et ports pétroliers pour lesquels la présence des mercenaires de Wagner ou autres groupes armés a été confirmée. La NOC a depuis repris ses activités dans les ports de Hariga et Brega, et levé le statut de force majeure sur le port de Zouetina.
La Banque centrale de Libye (BCL) a publié les données budgétaires relatives aux huit premiers mois de l’année 2020.
Sur la période du 1er janvier au 31 août 2020, les recettes budgétaires se sont limitées à 3,6 milliards de dinars libyens, selon la BCL, très loin de l’objectif initial de 6,5 milliards.
En raison de la fermeture des installations pétrolières, les revenus pétroliers sur les huit premiers mois de 2020 s’élevaient à seulement 2,3 milliards de dinars libyens, et représentaient 64,5 % des recettes budgétaires (contre 92,6 % sur l’année 2019). Les autres recettes sont principalement les recettes fiscales (393 millions de dinars libyens, soit 10,8 % des recettes budgétaires totales).
Les revenus de la taxe sur les ventes de devises s’élèveraient à 14,2 milliards de dinars libyens fin août 2020, dont 1,4 milliard a été alloué pour financer l’investissement public, et le reste alloué pour rembourser la dette publique. Sur la même période, les dépenses budgétaires s’élèveraient à 23,4 milliards de dinars libyens (25,7 milliards prévus initialement).
La BCL a donc inscrit un prêt de 17,8 milliards de dinars libyens pour couvrir le déficit budgétaire. Les salaires, premier poste de dépense, représenteraient 62 % des dépenses publiques totales à la fin d’août 2020. Il s’agirait ensuite des subventions (17 %), des dépenses d’urgence (« emergency » : 10 %), et des biens et services (9 %).
Concernant les subventions, 58 % sont des subventions pour les carburants, 16 % pour les médicaments, 14 % pour l’électricité, 8 % pour l’assainissement et 4 % pour l’eau.
Les revenus de la NOC se sont élevés à 3,73 milliards de dollars sur les huit premiers mois de 2020, en baisse de – 74,3 % sur un an. Entre le mois de juillet et août 2020, ils ont cependant rebondi de + 135 % grâce à une brève cessation du blocus pétrolier.
Les revenus de la NOC se sont élevés à environ 90 millions de dollars en août 2020, en baisse de – 96 % en glissement annuel (g.a.) mais en hausse de + 135 % en glissement mensuel (g.m.) grâce à la brève et limitée cessation du blocus pétrolier, qui lui a permis d’expédier du pétrole brut depuis les réservoirs de stockage du port d’Es Sider.
En effet, au mois d’août 2020, le maréchal Haftar avait donné l’instruction de lever partiellement le blocus sur les exportations de pétrole et de gaz déjà produits et stockés, afin d’aider à atténuer les pénuries d’électricité dans l’est du pays en libérant du carburant pour les centrales. Les revenus du mois de mars 2020 de la NOC étaient principalement liés aux ventes de pétrole brut (82,7 %) et de gaz et condensés (16,4 %).
Les revenus cumulés ont ainsi atteint 3,73 milliards de dollars sur les huit premiers mois de 2020 (soit – 74,3 % en g.a.).
Source : Ambassade de France en Tunisie.
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