Dans un contexte mondial marqué par le rebond de l’épidémie de coronavirus, c’est depuis le palais royal de Rabat que le roi Mohammed VI a adressé, le 9 octobre dans l’après-midi, le traditionnel discours d’ouverture de la nouvelle session parlementaire.
Le souverain marocain, qui a veillé à la tenue de ce rendez-vous constitutionnel, sous un format certes inédit, a appelé les parlementaires à faire preuve de « vigilance et d’engagement » face à cette crise dont les conséquences sanitaires, économiques, sociales et psychologiques, impliquent de « nombreux défis » et « des efforts redoublés ».
Dans la même lignée que les discours prononcés lors de la Fête du trône puis de la Révolution du roi et du peuple le 20 août dernier, le roi du Maroc a défini les grandes priorités autour desquelles la collectivité nationale est appelée à se mobiliser, à savoir : la relance économique, la généralisation de la couverture sanitaire et la réforme du secteur public.
Mohammed VI a voulu adresser un message pragmatique, tourné vers l’action et l’engagement collectif en temps de crise. Une feuille de route tracée par le souverain pour corriger les dysfonctionnements mis en lumière par la situation sanitaire actuelle, et saisir les fenêtres d’opportunité pour accélérer la mise en œuvre du nouveau modèle de développement entrepris dans le pays.
1,5 Md € pour l’investissement
Placé « en tête des priorités de l’étape actuelle », le plan de relance économique d’envergure lancé par le royaume vise « à soutenir les secteurs productifs, notamment le tissu des TPE et PME en rehaussant leur capacité à investir, à créer des emplois et à préserver les sources de revenu ».
Le 30 juillet dernier, lors du discours de la Fête du trône, le monarque avait annoncé l’injection de près de 120 milliards de dirhams (l’équivalent de 11 % du PIB), dans un ambitieux plan de relance économique qui s’articule autour de deux instruments principaux : un dispositif de prêts garantis par l’État et un Fonds d’investissement stratégique créé sur instructions royales.
Baptisé « Fonds Mohammed VI pour l’investissement », ce dernier mécanisme, d’un montant de 15 milliards de dirhams (environ 1,5 milliard d’euros) provenant du budget de l’État, devra jouer un rôle de premier plan dans la « promotion de l’investissement et dans le relèvement des capacités de l’économie nationale ».
Le souverain a également rappelé l’importance de poursuivre ces efforts, tant de la part du secteur bancaire et de la Caisse centrale de garantie que du côté des entreprises et de leurs associations professionnelles, insistant sur la résilience des quelque 20 000 sociétés qui ont bénéficié des prêts garantis pas l’État, pour un montant de près de 26 milliards de dirhams.
L’allocation de ces crédits devrait inciter les partenaires marocains et internationaux à accompagner les interventions du fonds et à contribuer aux projets d’investissement à venir, afin d’amplifier les impacts économique, social et environnemental du plan de relance.
Parmi les domaines prioritaires, le souverain a notamment cité la restructuration industrielle, l’innovation et les activités à fort potentiel, les petites et moyennes entreprises, les infrastructures et le tourisme, tout en soulignant l’importance particulière qui doit être accordée à l’agriculture et au développement rural.
Couverture sociale pour tous
Lors de ce discours diffusé en direct à l’intérieur de l’enceinte du Parlement, Mohammed VI a également mis l’accent sur le grand projet historique de généralisation de la couverture sociale au profit de tous les Marocains à l’horizon 2022, annoncé fin juillet dernier et qui se décline en plusieurs actions clés.
Dans un premier temps, il s’agira d’étendre la couverture médicale obligatoire à tous afin que 22 millions de bénéficiaires additionnels accèdent à l’Assurance maladie de base qui couvre les frais de soins, de médicaments, d’hospitalisation et de traitement, et ce d’ici à la fin de 2022 au plus tard. La généralisation des allocations familiales devrait par ailleurs bénéficier à près de sept millions d’enfants en âge d’être scolarisés (soit 3 millions de familles).
La base d’adhérents au système de retraite devrait être élargie, en y incorporant environ 5 millions de Marocains parmi la population active non titulaire d’un droit à une pension. Enfin, l’accès à l’indemnité pour perte d’emploi devra être généralisé.
« Évolution réelle des mentalités »
« Le succès du plan de relance économique et la mise en place d’un nouveau contrat social nécessitent une évolution réelle des mentalités et un véritable changement dans le niveau de performance des établissements publics », a insisté Mohammed VI, appelant le gouvernement à opérer une « révision profonde des critères et des procédures de nomination aux postes supérieurs », afin d’inciter les compétences nationales à intégrer la fonction publique.
En clôture de son allocution, le souverain marocain a ainsi exhorté l’ensemble des institutions et des forces vives de la nation « à se hisser au niveau des défis de la conjoncture actuelle et à répondre aux attentes des citoyens », insistant sur les notions de responsabilité et de bonne gouvernance.
Source : Agence Ecofin.
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