La Tunisie, qui occupe le rang de premier exportateur sur le plan africain et de troisième exportateur mondial d’huile d’olive, tire énormément d’avantages de ce secteur. Zoom sur la culture de rente qu’est devenue l’huile d’olive tunisienne.
Alors que la pandémie de Covid-19 a entrainé une réduction de l’activité économique partout sur la planète, avec notamment une baisse du prix des matières premières, la Tunisie s’attend à battre des records d’exportation cette année pour son huile d’olive.
Le secteur démontre en effet une incroyable résilience avec 1,7 milliard de dinars (618,29 millions $) générés entre janvier et juillet, soit 500 millions de dinars de plus que pour toute la campagne précédente.
L’année de tous les records
Bien que l’économie tunisienne tende désormais à être dominée par le secteur tertiaire, l’agriculture occupe toujours une place non négligeable avec une contribution de 11% au PIB. Le secteur est un important pourvoyeur d’emplois, fournissant du travail à environ 25% de la population active.
La culture de l’huile d’olive, qui représente environ le tiers des terres cultivées (1,6 million d’hectares) contribue largement aux recettes d’exportation du pays, jouant ainsi un rôle essentiel dans le budget de l’Etat. Cet apport, la Tunisie s’attend à le voir croître encore plus cette année, au vu des résultats attendus dans le secteur.
Ainsi, les devises tirées de l’exportation de l’huile d’olive atteindront plus de 2 milliards de dinars (732 millions $) en novembre, soit à la fin de la saison 2020. Selon Chokri Bayoudh, PDG de l’Office national de l’huile (ONH), les expéditions ont déjà atteint 294 000 tonnes fin juillet 2020, en hausse par rapport aux 140 000 tonnes enregistrées pour toute la saison 2019.
« En dépit du confinement imposé en mars et avril, en raison du coronavirus, nous avons exporté en moyenne 45 000 tonnes d’huile d’olive par mois. A la fin de cette saison d’exportation, nous nous attendons à parvenir à exporter environ 340 000 tonnes », a ajouté Chokri Bayoudh, dans des propos relayés par l’agence Tunis Afrique Presse.
Grâce à ces performances, l’huile d’olive pourrait atteindre cette année une part de 60 à 70% dans l’ensemble des exportations de produits agricoles de la Tunisie. C’est 20 à 30% de plus que la moyenne des dernières années qui s’établissait à 40%. Pour l’ONH, ces recettes participeront à hauteur de 4,25% au budget général de l’Etat.
Cela contribuera également à réduire le déficit de la balance commerciale alimentaire qui a déjà connu un recul cette année. Selon l’Observatoire national de l’agriculture (ONAGRI), le déficit a en effet atteint 222,4 millions de dinars en juillet 2020 contre 801,3 millions de dinars à la même époque en 2019.
Un produit principalement destiné à l’exportation
Bien que la pandémie ait contribué à la réduction de ces chiffres, en raison de la diminution des échanges, l’amélioration de la situation doit beaucoup au secteur de l’huile d’olive. Tous ces bons résultats en Tunisie sont dus à une politique agricole portée sur la culture de l’huile d’olive à destination du marché extérieur.
La production de l’huile d’olive en Tunisie est antérieure à la naissance de l’Etat actuel. En effet, les Grecs, Phéniciens et Carthaginois, qui se sont succédé dans la région ont contribué à son développement, encouragés par le climat méditerranéen propice à ce type de culture. Héritée à l’indépendance du pays en 1956, la culture de l’huile d’olive s’est ainsi développée pour satisfaire le marché extérieur, devenant progressivement la principale culture de rente, au détriment ainsi du marché intérieur.
Cette situation a été facilitée par une politique de prix prohibitif pour le marché national. Alors que l’huile est très demandée, en cosmétique notamment où elle est utilisée aussi bien pour les soins de la peau que des cheveux, les politiques agricoles mises en place par les régimes successifs ont toujours privilégié l’export, quitte à importer une huile de moindre qualité pour le marché local.
Il faut dire que l’huile d’olive tunisienne est très demandée à l’extérieur. Ainsi l’Union européenne achète près de 80% des exportations d’huile de la Tunisie alors que la zone est le leader mondial de la production, avec l’Espagne, l’Italie et la Grèce.
Le produit de haut niveau vaut même à la Tunisie depuis des plusieurs années de multiples récompenses, dont 26 médailles remportées mi-février 2020 au concours oléicole international de Los Angeles par les marques du pays maghrébin, dont le prix de la meilleure huile d’olive extra-vierge, une huile du premier fruit non mûr de l’année et donc très recherchée.
Un réel besoin de diversification
Si la Tunisie tire des recettes conséquentes des exportations d’huile d’olive, l’économie du pays gagnerait toutefois à ce que la culture oléicole soit accompagnée par d’autres filières agricoles porteuses. Le potentiel ne manque pas avec les dattes, second produit agricole exporté, les produits de la pêche, et également d’excellents produits du terroir, y compris la prometteuse filière bio.
Source Agence Ecofin
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