La Tunisie voit chuter sa production de phosphate et donc sa contribution au PIB du pays
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Denys Bédarride
lundi 11 octobre 2021 Dernière mise à jour le Lundi 11 Octobre 2021 à 11:24

Cinquième producteur mondial avant la Révolution, la Tunisie a vu sa production de phosphate diminuer dans des proportions telles qu’elle se trouve, depuis septembre 2020, dans l’obligation d’en importer d’Algérie.

Le secteur, dont la contribution au PIB a été divisée par deux en une décennie, souffre à la fois d’une situation de sous-investissement chronique, de mouvements sociaux à répétition ainsi que d’une gouvernance défaillante des entreprises publiques en charge de l’extraction et de la transformation du phosphate. La récente reprise de l’activité coïncide avec l’intensification de la lutte contre la corruption menée par le Président de la République Kaïs Saïed mais trouve son origine dans des causes de natures diverses.

Les mouvements sociaux récurrents sont à l’origine de la chute de la production de phosphate. Les blocages, les sit-in et même -plus rarement- les sabotages entravent le bon fonctionnement de l’industrie d’extraction de phosphates depuis de nombreuses années et nuisent plus largement à l’environnement des affaires. Les manifestants jugent la redistribution de la manne financière inéquitable et revendiquent un droit à l’emploi et un meilleur accès aux services publics de base.

Profitant d’un inversement de la tendance, 2021 pourrait constituer l’une des meilleures années depuis la Révolution. Le directeur central de la production de la CPG a annoncé que la production de phosphate commercial du mois de juillet était deux fois plus importante que la moyenne mensuelle du premier semestre 2021 (413 000 tonnes). 

Bien que les chiffres demeurent pour l’instant inférieurs aux objectifs de la compagnie qui table sur une production mensuelle moyenne de 450 000 tonnes pour le second semestre, la dynamique enclenchée semble porteuse d’un espoir nouveau pour le secteur

La reprise des activités du secteur est au cœur des préoccupations du Président Kaïs Saïed qui souhaite en faire l’un des symboles de sa lutte anti-corruption.

Depuis son coup de force le 25 juillet 2021, le chef de l’Etat a appelé à la reprise immédiate de la production et du transport de phosphate. Sans jamais le nommer expressément, Kaïs Saïed a pointé du doigt le député Lotfi Ali, responsable selon lui du blocage du transport ferroviaire de la production minière. La levée de l’immunité parlementaire de Lotfi Ali par le Président a finalement permis son arrestation le 21 août. Une instruction a été ouverte après son arrestation pour blanchiment d’argent, conflit d’intérêts et enrichissement illicite.

Les bons résultats enregistrés sont néanmoins le fruit d’une dynamique plus ancienne. 

Ils ont notamment pour origine le déblocage de stocks stratégiques (12 Mt) dès le deuxième trimestre 2021. Les importations en provenance d’Algérie devraient néanmoins se poursuivre : les capacités actuelles de transformation du GCT demeurent en effet supérieures à celles de production de la CPG, le phosphate algérien, s’affiche aujourd’hui à des prix très compétitifs (55 USD/t contre 70 USD/t pour le phosphate tunisien) et les cours des fertilisants et de l’acide phosphorique (produits dérivés) sont parallèlement très attractifs.

Source Ambassade de France en Tunisie 

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