Malgré une situation sociale et économique très difficile, le Liban poursuit ses efforts en vue d’améliorer sa production agricole et son autonomie alimentaire. C’est en ce sens qu’il coopère avec le Centre International de Hautes Etudes Agronomiques Méditerranéennes dont l’un des quatre instituts se situe en France, à Montpellier.
Le Liban au cœur d’une crise économique et sociale sans précédent
Entre octobre 2020 et août 2021, les prix des services de base ont augmenté de 580% au Liban. Résultat : la moitié de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté et le taux de chômage officiel a bondi de 35%. Le prix des denrées alimentaires de base, a fortiori lorsqu’elles sont importées, explose et plus de 900 000 libanais ne sont plus, aujourd’hui, en mesure de se nourrir de manière satisfaisante (au moins 40% de la population passeraient au-dessous de seuil de pauvreté).
Dans ce contexte économique et social complexe, le ministère de l’Agriculture poursuit sa politique d’amélioration de la productivité de son agriculture. Dans cette perspective, il travaille en coopération avec le Centre International de Hautes Etudes Agronomiques Méditerranéennes de Montpellier, sur un projet visant à améliorer le revenu des agriculteurs toute en préservant les ressources hydriques et l’environnement.
C’est à Baalbek qu’a eu lieu, fin octobre, la réunion de lancement de ce projet (SupMed1) sous le Haut patronage et en présence du Monsieur le Ministre de l’Agriculture libanais Abbas Hajj Hassan et avec tous les représentants des acteurs locaux : la fédération locale des coopératives agricoles, la Faculté d’Agronomie de l’Université libanaise, l’Institut national de recherche agronomique du Liban, ainsi que , les collectivités locales concernées par les 3 sites du projet.
« La présence du ministre en personne était un signe fort de l’engagement du ministère dans ce projet, en particulier son souci d’accroître la productivité et le revenu des ménages agricoles tout en préservant les ressources naturelles, dont l’une d’entre elle est de plus en plus rare : l’eau » précise le directeur de l’Institut Agronomique Méditerranéen de Montpellier, pour qui c’était le premier déplacement à l’étranger depuis sa prise de fonction, le 1er septembre dernier.
« Faire ce premier déplacement au Liban, c’était pour le CIHEAM Montpellier le moyen de signifier son soutien réaffirmé au Liban » indique-t-il également. « Alors que les conditions précaires dans lesquelles vit aujourd’hui ce pays (inflation record, ruptures d’approvisionnement en électricité et en eau potable, pénurie de pétrole,…), nous avons fait le choix de maintenir nos activités, y compris les interventions sur place de nos enseignants qui participent au Master que nous conduisons conjointement avec l’Université Libanaise ».
Le CIHEAM, une organisation intergouvernementale presque soixantenaire
Créé en 1962, le Centre International de Hautes Etudes Agronomiques Méditerranéennes est une organisation intergouvernementale regroupant aujourd’hui treize états du bassin méditerranéen : Portugal, Espagne, France, La formation est en effet l’une des missions fondatrices, en 1962, du Centre International de Hautes Etudes Agronomiques Méditerranéennes est une organisation intergouvernementale regroupant aujourd’hui treize états du bassin méditerranéen : Portugal, Espagne, France, Italie, Malte, Albanie, Grèce et Turquie sur la rive nord, Maroc, Algérie, Tunisie, Egypte et Liban sur la rive sud.
Il dispose de quatre instituts de formation/recherche/coopération dont un localisé dans le sud de la France – l’Institut Agronomique Méditerranéen de Montpellier (IAMM) – les trois autres se situant à Saragosse en Espagne, à Bari en Italie et à Cagna en Grèce, sur l’île de Crète.
A ce jour, près de soixante promotions d’étudiants ont été formées, assurant au CIHEAM un réseau d’interlocuteurs sur toute la Méditerranée. Parmi elles, 8 promotions (et bientôt 9 avec celle en cours de formation) de ce master Développement Agricole Territorial, Environnement et Modélisation (DATEM), soit plus de soixante étudiants qui suivent des enseignements au Liban de septembre à décembre, puis à Montpellier de janvier à mars.
« C’est avec ce réseau d’anciens étudiants, au Liban comme dans d’autres pays, que nous pouvons élaborer des projets de recherche et de coopération pour le développement » souligne Thierry Dupeuble.
Des projets qui s’inscrivent dans les priorités thématiques du CIHEAM : Promouvoir des systèmes agricoles durables, garants de la sécurité alimentaire et nutritionnelle ; Lutter contre le gaspillage des ressources de la planète ; favoriser un développement inclusif, notamment pour les jeunes et les femmes ; prévenir les crises et favoriser la résilience des agricultures méditerranéennes.
1 Ce projet cofinancé par le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM) comporte aussi un volet en Egypte, dans le secteur de Louxor.
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