Le Qatar indique que les pays du sud ne doivent plus être isolés de ce qui se passe dans le monde et doivent s’impliquer dans les crises mondiales
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Agence Ecofin
mardi 5 avril 2022 Dernière mise à jour le Mardi 5 Avril 2022 à 06:00

Face aux crises mondiales, le Qatar et l’Arabie Saoudite, qui étaient encore en désaccord il y a peu, proposent le dialogue, l’implication des pays du sud, et le même respect de l’Etat de droit international pour tous.

Le Qatar, qui accueille la cinquième édition de son Doha Forum, a plaidé le 26 mars 2022 pour une approche plus multilatérale et une participation plus importante des pays présentés comme ‘’du grand sud’’ dans la résolution des défis que connait le monde aujourd’hui, comme les réponses au réchauffement accéléré de la planète, la Covid-19 et plus récemment du conflit entre la Russie et l’Ukraine.

« Nous ne pouvons pas être isolés de ce qui se passe autour de nous dans le monde… Nous devons apporter notre contribution, au moins sur les questions de stabilité internationale », a fait savoir le Cheikh Mohammed bin Abdulrahman Al-Thani, vice-premier ministre du Qatar, ministre des Affaires étrangères de l’émirat gazier, qui a rappelé que son pays avait « fait ses preuves en matière de dialogue et de diplomatie ».

Un avis qui a été globalement partagé par son homologue de l’Arabie Saoudite, pays avec lequel ils ont pourtant connu une crise diplomatique de plus de 3 ans et demie, et qui s’est achevée en janvier 2021. Pour le Prince Faisal bin Farhan Al Saud, il est important que le Nord et le Sud de la planète s’impliquent ensemble face aux crises mondiales, « en particulier les petites et moyennes puissances pour (…) répondre aux besoins de tous plutôt qu’à ceux de quelques-uns (…) afin de travailler ensemble à la définition de l’agenda mondial. »

En substance les deux dirigeants de pays du Golfe ont tenu à faire passer le message que, tout en reconnaissant que le conflit entre la Russie et l’Ukraine entraîne des conséquences humanitaires et économiques inacceptables, il ne faudrait pas oublier que d’autres pays parmi les moins développés en subissent les conséquences. Ils ont aussi évoqué le fait que plusieurs pays victimes d’autres conflits ou de catastrophes humanitaires ne font pas toujours l’objet d’une médiatisation et d’une mobilisation aussi importante. 

Ces déclarations rappellent la situation d’une partie du continent africain, où plusieurs gouvernements doivent faire face à des crises sécuritaires qui reçoivent une attention moindre de la part de la communauté internationale, sauf lorsqu’il faut établir des responsabilités ou de parler d’effets périphériques comme les crises migratoires. Elles rappellent aussi la faible représentativité des visions africaines sur la recherche de solutions face aux dangers du changement climatique et à tous les autres défis mondiaux, comme les crises sanitaires ou l’iniquité du système fiscal international.

L’approche multilatérale dans la résolution des crises ayant des implications mondiales ne semble pas perçue de la même manière par tous les gouvernements du monde, notamment celui des USA dont le leadership économique est de plus en plus contesté par la Chine, et dont le leadership politique est mis à rude épreuve avec la crise ukrainienne, la question du changement climatique ou encore le désaccord sur le nucléaire iranien.

Le sénateur républicain américain Lindsay Graham, qui a été invité à prendre la parole sur ce sujet, a reconnu que son pays devra apprendre à devenir un « meilleur ami » pour les autres pays du monde. Il a aussi reconnu que l’Amérique a échoué à rétablir l’ordre en Afghanistan. Mais sur la crise ukrainienne, il soutient qu’il n’y a pas de meilleure issue que celle de voir Vladimir Poutine arrêter les hostilités et faire face à ses responsabilités.

« Pour les USA, la Russie est le méchant et l’Ukraine le héros… Nous voulons tous que le conflit cesse et que s’arrête la souffrance. Mais comment on sort de ce conflit dans le cadre d’un scénario acceptable ? Ce que vous regardez sur les chaînes de télévision tout comme nous, constitue des crimes de guerre à une échelle industrielle. La question est de savoir si cela pourra être pardonné et si nous pouvons avoir le monde que l’on souhaite avoir avec Vladimir Poutine ? La réponse pour moi est non » a-t-il déclaré. 

Rappelons que sur le conflit spécifique de l’Ukraine, l’Afrique n’a pas été totalement unanime à propos de la résolution de l’ONU condamnant l’invasion Russe. 23 pays du continent dont la Côte d’Ivoire, le Kenya et l’Egypte ont voté en sa faveur, 17 pays dont l’Afrique du Sud et l’Algérie se sont abstenus, et l’Erythrée notamment s’y est opposée. Une situation qui a toutefois été condamnée à l’unanimité sur le continent, c’est le deux poids deux mesures appliqué aux migrants africains fuyant la guerre en Ukraine, vers des pays de l’Union Européenne.

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