Libye : La crise politique a des graves conséquences sur la production pétrolière du pays et des répercussions sur les prix internationaux du pétrole aggravés par la guerre en Ukraine
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Denys Bédarride
vendredi 13 mai 2022 Dernière mise à jour le Vendredi 13 Mai 2022 à 07:30

Depuis la nomination de Fathi Bachaga comme nouveau Premier ministre par le Parlement en février dernier et le refus de l’ex-Premier ministre, Abdel Hamid Dbeiba, de céder le pouvoir, la Libye fait face à une impasse politique menaçant sa production de pétrole. En plus d’impacter directement la population libyenne, la situation a des répercussions sur les prix internationaux, alors que le conflit ukrainien a déjà entrainé une hausse importante des prix du pétrole et du gaz.

Alors que le secteur pétrolier libyen voyait déjà son activité perturbée en début d’année avec la fermeture de plusieurs champs pétroliers entrainant une chute conséquente de la production (946 000 b/j en janvier contre 1,1 M b/j en décembre et 1,2 M b/j en novembre 2021), le conflit politique entre les deux pouvoirs exécutifs a exacerbé les difficultés de production. 

En effet, ces dernières semaines, la NOC (National Oil Corporation) s’est vu contrainte de décréter l’état de force majeure et de fermer de nouveaux champs suite aux vagues de protestations aux abords de ces derniers. Les manifestants, proches de l’ancien régime de l’Est, réclament la démission du Premier ministre intérimaire A. Dbeiba.

La région de Zouetina, à l’Est de la Libye, concernée par ces perturbations, fait partie des plus grandes zones pétrolifères du pays et possède un des plus grands ports d’exportation de pétrole. Selon le ministère du pétrole libyen, l’arrêt de la production entrainerait des dégradations matérielles importantes des réservoirs, des équipements et des installations pétrolifères, mais également des perturbations dans la production d’électricité liées à des coupures de gaz dans les centrales électriques.

La Libye doit augmenter sa production de pétrole de 40 % soit 1,8 million de barils par jour en 2022 pour couvrir ses dépenses et relancer l’économie

En plus d’impacter directement la population libyenne, la situation a des répercussions sur les prix internationaux, alors que le conflit ukrainien a déjà entrainé une hausse importante des prix du pétrole et du gaz.

Le 27 avril, les États-Unis ont exprimé leur “profonde inquiétude” face au blocus pétrolier et ont appelé les dirigeants libyens à y mettre fin immédiatement.

Le gouvernement de Bachaga s’est rendu fin avril dans la zone du croissant pétrolier pour mener un dialogue avec les manifestants. Ces derniers ont exprimé leur opposition quant à l’utilisation des revenus pétroliers par l’ex- gouvernement sans fondement légal et ont critiqué le manque de transparence dans la distribution, l’emploi et la gestion de ces fonds. A la suite de ces échanges, le Premier ministre Bachaga a exigé du Président de la NOC, Mustafa Sanalla, la mise en place d’un accord sur des mécanismes spécifiques et stricts garantissant l’indépendance des recettes pétrolières.

La fermeture des champs pétroliers et des ports d’exportation représenterait un manque à gagner de 60 M USD par jour pour la Libye, soit l’équivalent de 500 000 barils par jour.

Source Ambassade de France en Libye

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