Maroc : Comment le secteur bancaire pourrait stimuler la reprise économique du pays ?
Chris Martin, https://bit.ly/3uoGWxx
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Agence Ecofin
mercredi 28 décembre 2022 Dernière mise à jour le Mercredi 28 Décembre 2022 à 07:00

Les avantages comparatifs des banques commerciales marocaines restent solides et permettent de toujours générer des bénéfices. Mais selon S&P Global Ratings, des risques subsistent et pourraient faire pression sur les marges de ces entreprises financières.

Dans une analyse publiée le 13 décembre par S&P Global Ratings et dont l’Agence Ecofin a obtenu une copie, il ressort que le bénéfice net des banques commerciales actives au Maroc sera sous pression en 2022. L’agence de notation américaine évoque un ensemble de facteurs qui permettent de parvenir à cette conclusion.

D’un point de vue conjoncturel, les banques marocaines comme celles de plusieurs économies dans le monde sont exposées aux conséquences de l’inflation qui pénalise le pouvoir d’achat et donc la capacité de rembourser des clients. Ce choix survient dans le sillage de la Covid-19 pour laquelle le gouvernement avait négocié des moratoires de remboursement de dette pour près de 122 milliards de dirhams marocains (11,5 milliards $).

Certes, à la fin de l’année 2021, les informations rapportées par le secteur soulignaient que 76,4% de ces créances avaient été remboursées, mais un montant équivalent à 18,4% était encore placé en situation soit de dépréciation dans les comptes des banques, soit de défaut de paiement. A la suite de cela, le gouvernement n’a pas renouvelé le mécanisme du moratoire.

Dans ces conditions, avec une conjoncture internationale qui plombe les revenus des exportations en provenance de l’Europe (principal partenaire économique), la capacité à créer de nouveaux emplois, et le pouvoir de dépenses des entreprises et des ménages, S&P Global Ratings s’attend à une nouvelle progression des créances douteuses dont l’encours a déjà atteint 9,5% à la fin juin 2022, contre 5,7% sur la période de 2016 à 2018.

Le deuxième défi que connaissent les banques commerciales actives au Maroc, c’est le ralentissement des activités sur l’opportunité que représentent les crédits immobiliers. La pression sur les revenus fait que les ménages et entreprises ne sont plus largement demandeurs dans un secteur qui se développe principalement grâce au crédit bancaire. Certes, les prêts dans le secteur ont évolué de 3% sur les 8 premiers mois de 2022, mais c’est à comparer avec l’évolution de 5% pour l’ensemble des crédits bancaires sur la période.

Le troisième défi qui revient est celui de l’expansion des banques marocaines en Afrique subsaharienne. Un environnement rentable selon S&P Global Ratings, mais qui comporte des risques comme la possibilité de défaut des Etats gros clients des banques. Mais au-delà de ces “risques”, le secteur reste bien solide. Il peut compter sur des dépôts de long terme non rémunérés notamment de la part des Marocains de l’étranger, et d’un marché où les risques de disruption par des fintechs sont assez faibles.

Malgré ces avantages, le risque latent qui existe pour les investisseurs des banques marocaines est aussi perçu sur la Bourse de Casablanca. Depuis le début de l’année 2022, les valeurs boursières des 5 principales banques cotées sur ce marché financier sont en baisse, et les opportunités de progression sont faibles, car les ratios de cours sur bénéfice net sont au-dessus de 17x. Cela signifie que pour une personne qui acquiert les titres de ces entreprises, il faudra attendre 17 ans pour récupérer sa mise, si le niveau des bénéfices actuels reste constant.

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