Le système bancaire libanais est l’une des causes et l’une des principales victimes de la crise économique et financière que vit le pays depuis 2019.
Après la guerre civile, le secteur bancaire avait connu un développement excessif par rapport à la taille de l’économie, avec un bilan des banques commerciales représentant environ 5 fois le PIB libanais et une forte dollarisation (bilans à 70% dollarisés).
Les banques, trop exposées aux risques publics et dépendantes des liquidités en devises étrangères, ont perdu la confiance des agents en leur solvabilité, entraînant un blocage des retraits en devises et une restriction des activités des banques.
La livre libanaise a depuis perdu 98% de sa valeur, et connait une grande volatilité sur le marché parallèle. Les dysfonctionnements du système bancaire se sont traduits par le développement d’une cash economy, alimentée par une création monétaire très importante. Le contexte a aussi favorisé la dollarisation progressive de l’économie dans laquelle on estime que 70 à 80 % des opérations et des transactions seraient aujourd’hui effectuées en dollars.
Dans ce contexte de paralysie des banques, le pays continue de fonctionner via un abondement et des transferts en devises.
Depuis 2019, ces transferts sont opérés principalement de sociétés qui se seraient vues accorder des licences de la part de la Banque du Liban (BDL) pour effectuer des transferts et des opérations de change avec l’étranger. Deux d’entre elles occupent notamment une place prépondérante en matière de parts de marché : OMT, et BOB (structure appartenant à la Bank of Beirut).
Le modèle économique des sociétés de transfert et de change est fondé sur une politique de commissions importantes et de frais de change, mais la rentabilité de leurs activités est difficile à objectiver. Par ailleurs, un système de fixation journalière du taux de change parallèle s’est mis en place de manière opaque et partiellement décentralisée.
Les grandes sociétés de change et de transfert profitent de la paralysie et de la mise à l’arrêt de l’activité des banques pour élargir leurs activités et diversifier leurs offres de services, en tant que plateforme de paiement pour des services publics (immatriculation de véhicules, enregistrements au cadastre) ou comme moyen de paiement de factures (télécoms ou eau). Cette substitution au système bancaire est néanmoins partielle et ne peut, à ce stade, le remplacer.
Légalement, d’une part, la BDL a toujours refusé d’octroyer à ces structures des licences bancaires, se limitant à octroyer des licences d’opération sur le marché des changes. Techniquement, d’autre part, plusieurs services proposés par les grandes sociétés de change et de transferts doivent être adossés à des banques, notamment en ce qui concerne des services de paiement ou des services de dépôts à vue.
D’un point de vue économique et dans une perspective de moyen et de long-terme, les sociétés de change ou de transferts peuvent constituer des moyens de paiement alternatifs, mais ne peuvent assurer un rôle de financement de l’économie nécessaire à un redémarrage de l’activité et de la croissance. Elles ne peuvent ainsi pas être le vecteur de la transformation de l’épargne en investissements nécessaire de moyen et long terme.
Par nature, ces organismes ne peuvent pas non plus devenir des structures de réserves de valeurs ou de dépôts.
Source Ambassade de France au Liban
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