La situation du marché du travail jordanien est dégradée, caractérisée par un chômage massif qui a atteint un niveau record, environ 25 %, pendant la pandémie dont les impacts sur le pays restent profonds.
Il touche inégalement la population selon le genre :
– 20,6 % des hommes sont au chômage contre 31,7 % des femmes
– la génération : le chômage concerne 47,2 % des 15-24 ans
– et les gouvernorats. Le gouvernorat de Mafraq au Nord enregistre au T4 2022 le taux de chômage le plus fort à 27 % alors qu’à Amman il était le moins élevé à 21 %.
Le marché du travail est également marqué par une faible participation, évaluée à 33 %, notamment chez les femmes (13,7 %).
A titre de comparaison la moyenne dans la région MENA se situe autour de 45 % (70 % chez les hommes et 18 % chez les femmes).
Les faibles niveaux de rémunération alimentent la fuite des cerveaux et l’emploi informel. Le salaire minimum est fixé à 367 USD soit un montant presque deux fois inférieur au seuil de pauvreté absolue par ménage qui était défini à 677 USD par mois avant la pandémie.
Au regard du coût de la vie jordanienne, les niveaux de rémunération poussent une grande partie de la population active à migrer ou à cumuler les emplois notamment dans l’économie informelle.
L’emploi fait face à des défis structurels majeurs et croissants.
La croissance atone depuis plusieurs années couplée à la faible élasticité croissance/emploi rendent l’équation difficile à résoudre. La croissance, quand elle est élevée, ne suffit pas à faire baisser significativement le chômage. Les secteurs qui y contribuent le plus ne sont souvent pas pourvoyeurs d’emplois de qualité.
La segmentation multiple du marché du travail (public/privé, formel/informel, Jordaniens/travailleurs ou migrants/réfugiés) comme l’inadéquation entre la formation et les besoins du marché du travail empêchent une allocation optimale du capital humain.
Les autorités jordaniennes traitent l’urgence mais ne parviennent pas à réformer durablement un marché du travail structurellement défaillant.
Au plus fort de la pandémie, les variations de la masse salariale étaient strictement encadrées et plusieurs programmes ont permis la garantie des salaires des emplois formels. Des réformes plus structurelles ont été engagées, notamment dans le cadre du programme FMI, comme les amendements à la loi travail, mais leurs effets ne sont pas encore mesurables.
Les objectifs de ces amendements sont de créer un environnement professionnel plus sûr pour les femmes (lutte contre le harcèlement au travail par exemple) et mieux encadrer l’emploi de la main-d’œuvre étrangère. Des efforts sont aussi faits pour permettre une formalisation accrue du travail.
La réforme essentielle du secteur public progresse pour l’instant trop peu en raison de sa sensibilité.
Source Ambassade de France en Jordanie
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