L'agriculture moderne fait face à des défis croissants, tels que la raréfaction des terres arables, les contraintes climatiques et la nécessité de produire des aliments de manière durable. Dans cette quête de solutions novatrices, l'hydroponie émerge comme une alternative prometteuse.
L’hydroponie, qui tire ses origines des termes grecs “hydro” (eau) et “ponos” (travail), est un système de culture hors-sol qui repose sur la capacité des plantes à absorber les nutriments essentiels directement depuis l’eau, sans avoir besoin d’un sol traditionnel. Cette méthode révolutionnaire offre de nombreux avantages, notamment une utilisation efficace des ressources, une croissance accélérée des plantes et un contrôle précis des conditions de culture.
En adoptant l’hydroponie, les agriculteurs sont en mesure de produire des récoltes abondantes et de haute qualité, tout en minimisant l’utilisation de l’eau et des produits chimiques. Ce système permet également une plus grande flexibilité en termes de localisation, rendant possible la culture des plantes dans des environnements urbains ou des zones arides où le sol fertile fait défaut.
Au-delà de son potentiel en matière d’agriculture commerciale, l’hydroponie trouve également des applications dans le domaine de la recherche scientifique, de l’éducation et même de l’agriculture urbaine communautaire. Elle offre une alternative fascinante à l’agriculture traditionnelle, ouvrant de nouvelles perspectives pour l’alimentation durable et la sécurité alimentaire mondiale.
C’est au Centre Technique de l’Union Tunisienne de l’Agriculture et de la Pêche (UTAP) situé dans le gouvernorat de la Manouba (Grand Tunis) qu’Anadolu a rencontré Salim Zouari, expert en agriculture et ingénieur auprès de l’UTAP.
Il s’agit, selon lui, d’une culture qui économise énormément en termes d’utilisation d’eau et qui permet d’épargner jusqu’à 80% voire 90% de ressources hydrauliques.
“Nous essayons d’obtenir des résultats modèles pour les donner aux agriculteurs qui suivront par la suite cette méthode en Méditerranée notamment en Italie ou en Tunisie, car nous avons des partenaires dans ces deux pays-là“, a-t-il fait savoir, notant que l’objectif principal est de multiplier cette serre pour en faire d’autres et garantir sa durabilité.
“L’avenir de la culture hydroponique est prometteur parce que nous faisons actuellement face à un phénomène criant de sécheresse et à beaucoup de fluctuations au niveau du changement climatique“, a souligné l’expert qui voit en cette méthode plus d’avantages que d’inconvénients à la lumière des développements actuels.
Toutefois, se lancer dans la culture hydroponique n’est pas un pas des plus commodes. Sa mise en place nécessite généralement un investissement financier plus important que celui des autres méthodes entre équipements, systèmes de circulation de l’eau, nutriments, éclairages artificiels et autres.
Complexe et délicat, le système nécessite une bon savoir-faire et une parfaite maîtrise des cycles d’irrigation et des solutions nutritives ce qui requiert une courbe d’apprentissage plus longue par rapport à la culture en pleine terre.
En outre, les plantes en hydroponie sont entièrement dépendantes des nutriments et de l’eau fournis par le système. Une surveillance régulière et constante des niveaux des nutriments, le pH de l’eau, la température et l’humidité est de mise. Elles doivent recevoir tout ce dont elles ont besoin et en cas de panne ou de dysfonctionnement du système, elles peuvent être gravement affectées en peu de temps.
Directement immergées dans la solution nutritive, les racines de la plante ne doivent faire face à aucun obstacle et sont protégées contre les maladies et les ravageurs. Cinq éléments sont essentiels à cette culture : l’eau douce, l’oxygène, le support des racines, les nutriments et la lumière.
En adoptant la culture hydroponique, la Tunisie peut diversifier sa production agricole et accroître son autonomie alimentaire en produisant une grande variété de fruits, légumes et herbes aromatiques, même dans les régions où cela était auparavant impossible. De plus, cette méthode de culture moderne contribue à la préservation de l’environnement en évitant la pollution des sols par les produits chimiques agricoles, outre la réduction de la consommation de l’eau.
Cependant, pour que la culture hydroponique se développe pleinement, il est essentiel de promouvoir la sensibilisation et la formation des agriculteurs aux nouvelles techniques, ainsi que d’encourager les investissements dans les infrastructures nécessaires.
Par ailleurs, les autorités publiques peuvent jouer un rôle clé en fournissant un soutien financier et en créant un cadre réglementaire favorable à l’expansion de cette pratique agricole innovante, afin d’améliorer la sécurité alimentaire, préserver les ressources naturelles et en stimuler le développement économique, tout en garantissant une production abondante et de haute qualité qui profiterait à tout le monde.
Source Agence Anadolu
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