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#Electricite #Production #LIBAN
Denys Bédarride
lundi 10 juillet 2023 Dernière mise à jour le Lundi 10 Juillet 2023 à 10:31

La production d’EDL se redresse depuis plusieurs mois. Après un black-out total en janvier, EDL est parvenue depuis février à augmenter sa production et à fournir jusqu’à 4 heures d’électricité par jour, grâce à des achats de fuel sur les marchés et au renouvellement de l’accord bilatéral avec l’Irak, désormais jusqu’en novembre 2024, comprenant une augmentation de 50% des volumes.

Un nouvel accord commercial est en discussion avec l’Irak. 

S’il est conclu, EDL pourrait théoriquement opérer à pleine capacité (1200 MW) et fournir jusqu’à 12 heures d’électricité par jour. Or cette hausse de la production nationale intervient dans un contexte de baisse de la demande adressée à EDL. 

D’une part car la demande moyenne totale aurait fortement diminué (de 3000 MW à 2000-2500 MW), compte tenu de la baisse du PIB réel et de la hausse des tarifs. D’autre part car le déploiement de l’énergie solaire à usage privé s’avère être bien plus rapide qu’escompté. Sa capacité installée est estimée à 1000 MW, soit une capacité effective équivalant à 210 MW.

EDL a présenté, pour la première fois en 40 ans, un budget équilibré pour 2023. 

Les autorités libanaises ont procédé en novembre 2022 à une hausse des tarifs de l’électricité, désormais fixés à l’un des niveaux les plus élevés au monde. Par ailleurs, EDL est parvenue à baisser son taux de pertes non-techniques (factures impayées et branchement illégaux), avec le soutien des forces armées. 

EDL a fixé à ses mauvais payeurs (camps palestiniens/syriens et administrations libanaises) la date butoir du 1er août pour régler les impayés à son égard, avant de procéder à une coupure de l’approvisionnement. 

Dans ce contexte, EDL a adopté une politique de production très prudente, visant à préserver sa stabilité financière, en limitant l’approvisionnement dans les zones où le taux de pertes demeure élevé. Ainsi, EDL a augmenté marginalement le 1er juillet l’approvisionnement en électricité à 6 heures par jour, uniquement dans certains quartiers de Beyrouth.

La priorité absolue d’EDL est désormais de sécuriser son accès aux dollars. 

La Banque du Liban, dont la priorité est la stabilisation du taux de change du marché parallèle, applique actuellement une politique de change discrétionnaire vis-à-vis d’EDL. En particulier, le mécanisme de fixation des prix de l’électricité, fondé sur le taux de la plateforme Sayrafa majoré de 20%, fait peser un risque de change majeur à EDL. 

Au plan des réformes, EDL doit rapidement améliorer l’efficacité de son réseau de distribution, notamment pour intégrer les énergies renouvelables dans une logique de production décentralisée. 

D’une part, les projets de micro-grid se multiplient depuis plusieurs mois (dans des municipalités rurales, dans les zones industrielles, voire en ville entre hôpitaux et écoles). D’autre part, le projet de loi sur l’énergie renouvelable décentralisée, en lecture au Parlement, permettrait – si le texte est adopté en l’état – d’ouvrir le réseau aux petits producteurs d’énergie renouvelable (jusqu’à 10 MW), qui seraient libres de vendre à des tiers en versant des redevances à EDL pour la transmission. 

Enfin, les capacités de production doivent être augmentées. 

Les autorités libanaises souhaitent avancer sur la préparation des cahiers des charges, avec le soutien d’EDF, de nouvelles centrales thermiques. En parallèle, le déploiement de grands projets solaires et éoliens en IPP (Independent Power Producer) reste conditionné au redressement pérenne d’EDL et au retour des financements internationaux. 

Condition nécessaire à une stabilisation macroéconomique du Liban, le redressement financier d’EDL et les réformes du secteur de l’énergie ont été initiés après plusieurs décennies d’inertie. Cette dynamique reste néanmoins fragile et est conditionnée en retour à une stabilisation macroéconomique.

Source Ambassade de France au Liban 

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