Après le tremblement de terre au Maroc et les inondations en Libye, retour sur le tremblement de terre qui avait secoué la Syrie en février. Les pertes économiques et dommages physiques liés aux tremblements de terre de février 2023 en Syrie ont été estimés à 5,2 Mds$, tandis que les besoins de financement pour la reconstruction et le rétablissement de l’économie s’élèvent à 7,9 Mds$.
Le Rapid Damage and Needs Assesment (RDNA) de la Banque Mondiale estime ainsi qu’au niveau sectoriel, les logements représentent l’actif le plus endommagé (23,5% des pertes totales), bien que les infrastructures physiques et secteurs productifs concentrent la majorité des pertes économiques, notamment les infrastructures de transport (19,2% des pertes totales) et le secteur agricole (14,9% des pertes totales). La détérioration des infrastructures a notamment provoqué un déclin de la production de carburant et des perturbations des chaines logistiques et d’approvisionnement.
Les tremblements de terre ont accéléré la dégradation de la situation économique.
Des vulnérabilités préexistantes ont ainsi été exacerbées par la perte de capital humain et physique (bâtiments, ports, routes). Selon le Syria Economic Monitor de la Banque Mondiale d’aout 2023, la contraction du PIB en 2023 d’abord estimée à 3,2% s’élèverait ainsi à 5,5%. La balance commerciale a pour sa part été affectée par le déclin de l’activité maritime et les interruptions dans les chaines de valeur. Les séismes ont également accéléré la dépréciation de la monnaie (-23% à 8 800 SYP/USD sur le marché parallèle en mai 2023), tandis que l’inflation a augmenté de 11% entre janvier et avril 2023.
La Banque Mondiale estime une augmentation de 84,2 % en glissement annuel du coût du panier alimentaire de base en 2023, avec des variations selon les régions (le prix des carburants a particulièrement augmenté dans les régions dépendantes aux importations turques). Chaque région s’est tournée hors du marché interne vers l’Iran, l’Irak et le Liban pour répondre aux pénuries d’approvisionnement en biens essentiels, ce qui a augmenté les activités de contrebande aux frontières.
Outre les répercussions économiques, les séismes ont lourdement détérioré la situation sociale.
Le bilan s’élève à plus de 6 000 morts, 12 000 blessés, et 600 000 déplacés internes, et ce dans des régions déjà lourdement touchées par le conflit. De nombreux services sociaux ont été affectés, notamment les systèmes éducatifs et de santé.
Face à ces multiples défis socioéconomiques, le redressement du pays est mis à mal par les difficultés d’acheminement de l’aide humanitaire et un statu quo précaire issu du conflit.
Les besoins liés à la reconstruction ne sont en effet pas couverts par le fonds d’urgence national qui s’élevait à 7 M$ (soit moins de 0,1 % du PIB), tandis que les zones non tenues par le régime éprouvent des difficultés encore plus fortes pour constituer une réponse sociale et économique aux séismes. L’acheminent de l’aide internationale a par ailleurs été entravée par l’absence de passages autorisés aux frontières et les divisions internes quant à sa distribution.
Toutefois, les efforts de solidarité en provenance des pays arabes témoignent d’une recomposition des dynamiques régionales en faveur de la Syrie. Des missions diplomatiques interrompues depuis 2011 (Égypte, Jordanie, Tunisie) ont eu lieu suite à la catastrophe, suivie par une augmentation conséquente de l’aide humanitaire. Les pays arabes ont ainsi fourni 329 M$ durant les 5 premiers mois de 2023, soit 30% de l’aide humanitaire internationale sur la période.
Source Service Economique Ambassade de France au Liban
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