Seul le secteur gazier est déclaré en « état d’urgence », dans la mesure où le gaz permet de produire de l’électricité et donc de l’eau désalinisée. Le fonctionnement des ports et l’approvisionnement des villes sont quasiment à l’état normal. Le coût des réorganisations et assurances sera toutefois sensible pour tous. Des mesures s’imposent aussi pour contrer la baisse des Investissements Directs Etrangers (IDE) déjà observée avant le conflit, le ralentissement de la consommation et les pertes en matière de commerce extérieur.
Les trois principales agences de notation (Moody’s, Fitch et S&P) ont revu leur perspective de notation souveraine d’Israël de « stable » à « négative ». La guerre risque ainsi de conduire à une dégradation ultérieure de la note souveraine d’Israël.
La guerre et la mobilisation entraînent un ralentissement de la demande et de l’offre.
La consommation non-alimentaire s’effondre, phénomène inhérent au choc de confiance et à la mobilisation de 350 000 réservistes. A cela vient s’ajouter la baisse drastique de la main d’œuvre « importée », composée de plus de 200 000 travailleurs palestiniens de Cisjordanie (qui ne se rendent plus sur le territoire) et de 150 000 travailleurs non juifs venus de pays tiers (dont 5 000 sont déjà repartis).
La population active d’Israël est évaluée à 4,3 millions de personnes mais le taux d’emploi du pays est bas (environ 65%). Ainsi, c’est environ 9 à 11% de la main d’œuvre nationale qui est sous l’uniforme et presque les deux tiers de la main d’œuvre non-israélienne qui sont absents. Avec un taux de chômage de 3,3%, le marché de l’emploi n’offre pas de substituts à cette main d’œuvre.
La Banque Centrale, soucieuse d’éviter l’inflation importée liée à la baisse du shekel, maintient son taux directeur à 4,75%.
S’agissant du commerce extérieur, outre la division par deux des exportations de gaz vers l’Égypte, deux risques sectoriels de moyen terme sont identifiés :
1) La tech (55% de l’export civil de biens et services) fonctionne avec des entreprises partiellement déstabilisées par la baisse des IDE et un fort taux de mobilisation parmi leur personnel
2) les industries de défense, qui exportent 70% de leur chiffre d’affaires (12,5 Md$ en 2022), serviront en priorité l’armée israélienne, ce qui pénalisera certains contrats export.
L’aide extérieure devrait essentiellement provenir des Etats-Unis.
Israël peut compter sur un important élan de générosité organisé par sa diaspora, particulièrement marqué aux États-Unis. Diverses associations ont déjà facilement récolté près de 500 M USD. En parallèle, l’aide militaire américaine s’élève à 3,8 Md$ / an depuis 2019 (pour une durée de 10 ans). Cela représente environ 16% du budget israélien de la Défense en temps normal. À cela vient s’ajouter l’aide exceptionnelle de 14,3 Mds USD pour la durée du conflit contre le Hamas.
Pour autant, c’est à l’intérieur d’Israël que se jouera l’essentiel du financement de la guerre.
Le débat politique concernant le remaniement du budget n’est pas encore tranché. L’« Israel Property Tax Compensation Fund » qui était créditeur de 4,5 Md€ à fin septembre, sera vite épuisé. Il avait déjà été utilisé pour financer des mesures politiques ponctuelles et, pour le seul mois d’octobre, ce sont presque 2,5 Md€ qui iront aux compensations.
L’endettement public semble inévitable et, selon la Banque d’Israël, son taux passera en un an de 60 à 65% du PIB (il était de 70% au sortir de la crise du Covid-19). Israël conserve néanmoins d’importantes capacités d’emprunt. Par ailleurs, des mesures plus hardies pourraient émerger : une revue de certaines politiques publiques ; une réforme fiscale.
Les mois qui viennent seront révélateurs de la volonté de profiter de la guerre pour réformer, dans un sens ou un autre, une partie des finances publiques et, peut-être, de l’économie.
Source :Ambassade de France en Israël, Service économique
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