Le pays est enclavé, souffre d’un fort stress hydrique et dispose de peu de ressources à part du phosphate et de la potasse. La population, à deux tiers d’origine palestinienne, connaît un chômage élevé (22%), notamment chez les jeunes (49%) et les femmes (32%). Près d’un Jordanien sur quatre vivait sous le seuil de pauvreté en 2021 (24%). L’économie jordanienne est faiblement diversifiée et largement tournée vers les services (68 % du PIB sur 2009-2019), suivis par l’industrie (25 % du PIB) et les industries extractives et minières (2 % du PIB).
L’agriculture (5% du PIB) reste mineure comparée à la moyenne dans l’ensemble de la région Moyen Orient et Afrique du Nord (15% du PIB).
Les conséquences du conflit au Proche-Orient sur l’économie jordanienne restent pour le moment limitées.
Le tourisme est l’un des secteurs les plus impactés, avec une baisse du taux d’occupation des hôtels (-75 %) et une baisse des recettes de -8,8% en novembre et -3,4% en décembre (en g.a.). La perturbation des flux logistiques en Mer Rouge renchérit le coût du fret et a provoqué la suspension des exportations de phosphate et potasse vers l’Asie.
Une des réponses du gouvernement face à ces incertitudes logistiques a été d’interdire les exportations de produits alimentaires de première nécessité à l’approche du Ramadan.
La plupart des indicateurs macroéconomiques et budgétaires restent bien orientés
Le PIB enregistre une croissance de +2,6% en 2023 (contre 2,7% sur les trois premiers trimestres). Pour 2024, le FMI a abaissé sa prévision de croissance de 2,7% à 2,6% pour tenir compte de l’impact du conflit. Par ailleurs, l’inflation a été contenue à 2,1% fin 2023 et le déficit courant s’est réduit à -7% en 2023 (contre -7,9% en 2022).
Les revenus issus du tourisme ont atteint 7,4 Mds USD en 2023, soit une hausse de +27,4% par rapport à 2022, malgré l’impact négatif du conflit à Gaza. Ces bons résultats ont été entérinés au travers du nouvel accord signé avec le FMI en janvier (1,2 Md USD sur 4 ans).
Celui-ci vise à poursuivre la consolidation budgétaire pour atteindre un surplus primaire et ramener la dette publique sous les 80% du PIB, redresser la situation financière des opérateurs étatiques (eau et électricité) et réduire le chômage via des réformes du marché du travail.
Toutefois, cet équilibre précaire est fondé sur une « rente géopolitique » et une aide extérieure massive
Le pays est dépendant de plusieurs flux extérieurs, notamment du secteur touristique qui représente 15% du PIB. Les envois de fonds des travailleurs expatriés jordaniens ont augmenté en 2023 (+1,4 % en g.a., pour atteindre 3,5 Mds USD).
Enfin, l’aide internationale est élevée (4,4 Mds USD en 2022 dont 1,6 Md USD de dons), en particulier l’aide américaine qui représente environ 10 % du budget de la Jordanie.
La Jordanie doit s’atteler à corriger les fragilités profondes de son modèle de croissance
La question sociale est primordiale compte tenu du taux élevé du chômage des jeunes et du sous-emploi des femmes. Les politiques de subvention auraient coûté près de 1 Md USD en 2023, soit 30% du déficit.
Le déficit budgétaire hors dons reste important (-7,4% du PIB attendu en 2024) et la dette publique atteint 111,5% du PIB. Les autorités sont ainsi confrontées à la nécessité de trouver le bon équilibre entre soutien à la croissance et maitrise de l’endettement.
Source Service Économique Ambassade de France en Jordanie
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