Fitch Solutions Country Risk & Industry Research a abaissé, le 8 mai, ses prévisions de croissance économique pour la Libye à 7,7% en 2024 contre une précédente estimation de 9,5%, en raison notamment des perturbations de la production pétrolière au premier trimestre et de l’aggravation des querelles entre les principaux acteurs politiques.
Dans un rapport intitulé « Libya’s political stalemate and oil disruptions will see growth weaken in 2024 », la filiale de l’agence de notation Fitch Ratings spécialisée dans la recherche a précisé que la production de brut a déjà baissé de 3,5 % en glissement annuel au premier trimestre de l’année en cours sous l’effet des protestations sociales qui ont bloqué les activités de plusieurs sites pétroliers, notant que cela pèsera sur la croissance économique sur l’ensemble de l’année étant donné que le secteur représente environ deux tiers du PIB du pays, plus de 95 % des exportations de biens et environ 97 % des recettes publiques.
Les querelles incessantes entre les différents acteurs politiques, y compris le bras de fer opposant le gouverneur de la Banque centrale de Libye (CBL), Al-Seddik Omar al-Kabir, au chef du gouvernement reconnu par la communauté internationale, Abdelhamid Dbeibah, continuent encore à retarder le décaissement des fonds nécessaires aux investissements publics et à décourager les investisseurs étrangers.
Fitch Solutions Country fait par ailleurs remarquer que les retards qu’accusent les projets de reconstruction des villes ravagées par des inondations meurtrières en septembre 2023 plombent également la reprise des investissements.
Au rang des points positifs, l’augmentation des recettes pétrolières découlant de la hausse des cours de brut sur le marché international devrait stimuler les dépenses publiques, et avoir un effet d’entraînement sur la consommation des ménages. D’autant plus que les autorités prévoient d’augmenter les salaires dans le secteur public pour mettre fin aux protestations qui se sont déclenchées ces derniers mois autour de plusieurs terminaux pétroliers.
La baisse des prix des produits alimentaires devrait aussi soutenir les dépenses des ménages, même si la dépréciation du dinar libyen de plus de 30,0 % depuis début 2024 et les nouvelles restrictions aux sorties de devises limiteront les effets positifs de ce recul des prix.
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