Le développement de la finance verte, jusqu’à présent essentiellement porté par la Banque Centrale de Jordanie (BCJ) et l’Association des Banques de Jordanie (ABJ) en est à ses prémices. En 2023, les produits verts n’ont représenté respectivement que 3,1 % et 1,2 % des portefeuilles de prêts du secteur bancaire et du secteur de la microfinance
Dans ce contexte, la BCJ a publié fin 2023, avec l’appui de la Banque Mondiale, sa Stratégie de Finance Verte pour les années 2023-2028.
Cette stratégie, centrée sur l’offre, couvre les secteurs bancaires, de l’assurance et de la microfinance et s’est fixé les trois objectifs suivants : renforcer les capacités, la gouvernance et la méthodologie nécessaire à l’analyse des risques et au développement de la finance verte, augmenter le volume total de la finance verte de 30 % d’ici à 2028 et mieux quantifier l’impact potentiel du changement climatique sur la stabilité financière du Royaume.
La stratégie doit aussi appuyer l’objectif transversal d’inclusivité, notamment en intégrant les segments vulnérables de l’économie (PME, agriculteurs, femmes) ainsi que les établissements islamiques à son programme.
La mise en œuvre de la stratégie repose sur une approche progressive.
La première phase, actuellement en cours, consiste à collecter des données relatives à l’exposition du secteur bancaire au changement climatique, à en évaluer les risques selon plusieurs scénarios et à renforcer les capacités des acteurs, tout en clarifiant la règlementation du secteur.
Une conférence de restitution de cette première phase devrait avoir lieu au premier trimestre de 2025.
À partir de ces conclusions, la deuxième phase, qui consistera à élaborer puis mettre en place des lignes directrices pour accroître le volume de finance verte, sera lancée.
Pour superviser son exécution, un bureau « Climate Change Risk and Green Finance Division » a d’ores et déjà été créé au sein du département « stabilité financière » de la BCJ.
Les principaux défis de cette stratégie seront d’accroître les capacités des banques jordaniennes et de diversifier les secteurs d’intervention.
En 2021, 71 % des banques ne disposaient pas d’une définition de la finance verte et seulement 18 % évaluaient l’impact des risques liés au climat sur leurs activités au moyen de tests de résistance.
Pourtant, selon une étude de la GIZ réalisée auprès des industries de différents secteurs, 93 % des entreprises exprimaient un besoin de support technique pour le développement financier de projets verts, confirmant l’existence d’une demande pour l’expertise financière verte.
En outre, les initiatives vertes se limitant jusqu’alors aux projets d’énergies renouvelables, la stratégie devra œuvrer pour la diversification des projets, notamment dans les secteurs de l’eau et de l’économie circulaire.
L’objectif d’inclusivité de la stratégie nécessitera aussi de larges efforts dans la mesure ou l’accès au financement des PME et des femmes demeure limité en Jordanie.
En 2022, 48,2 % des PME disposaient d’un compte bancaire, 28,3 % des PME avaient un prêt engagé auprès d’une institution bancaire ou financière et 31 % des femmes avaient un compte bancaire à leur nom, contre 53,1 % des hommes.
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