Accompagnant certains projets ferroviaires en Afrique, l’Espagne semble aussi y mettre en avant ses entreprises de construction ferroviaire. Un modèle qui règle en partie les problèmes de financement rencontrés par plusieurs de ces chantiers.
L’Espagne participe à de plus en plus de projets ferroviaires en Afrique du Nord, et dans une moindre mesure sur le reste du continent.
Après avoir signé début février avec l’Égypte un accord pour financer l’étude de faisabilité d’une extension de la ligne 1 du métro du Caire, le pays ibérique a approuvé la semaine dernière en Conseil des ministres un prêt de 754 millions d’euros au profit du Maroc.
Si les intérêts directs de ces interventions ne sont pas clairement dévoilés, il s’agit selon certains observateurs d’une stratégie pour accroitre son influence et faciliter l’obtention de divers contrats dans ces pays où la modernisation des réseaux ferroviaires est en cours depuis quelques années.
Pour le prêt alloué au royaume chérifien, l’objectif serait ainsi de porter le groupe ferroviaire CAF qui affronte le sud-coréen Hyundai à l’étape finale d’un appel d’offres pour la fourniture de 150 trains.
Un processus entamé depuis novembre 2023 et dans lequel ont été déjà écartées les offres de plusieurs groupes et consortiums tel que le chinois CRRC Zhuzhou Locomotive, le français Alstom, mais aussi l’espagnol Talgo.
En Égypte, les entreprises espagnoles sont présentes sur plusieurs projets du programme de modernisation du réseau ferré en cours depuis 2015. CAF a par exemple décroché un contrat pour 23 rames de métro exploitées par NAT sur la ligne 1 du métro du Caire, longue de 44 kilomètres.
Talgo, qui avait en 2019 une commande de 7 trains passagers climatisés en Égypte, en a décroché un autre l’année dernière pour livrer 7 nouveaux trains-couchettes de luxe.
La présence de l’Espagne et de ses groupes ferroviaires est plus rare dans la région subsaharienne du continent, même si on note que pour le réseau de train express régional de Dakar au Sénégal, CAF a aussi des commandes en cours.
Une option pour combler les déficits de financement ?
S’il s’étend à d’autres pays détenant des multinationales du secteur, de même qu’à la région subsaharienne de l’Afrique, le modèle prôné par l’Espagne pourrait aider à réduire les difficultés des États à mobiliser du financement pour leurs projets ferroviaires, réputés coûteux.
Le manque de financement constitue en effet le principal frein aux plans de transition modale route-rail des pays africains.
Selon l’Africa Finance Corporation (AFC), le continent devrait investir en moyenne entre 65 et 105 milliards USD par an d’ici 2050 pour rattraper son retard en matière d’infrastructures, en se dotant d’un système ferroviaire performant.
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