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Thibault Bluy
mercredi 30 septembre 2020 Dernière mise à jour le Mercredi 30 Septembre 2020 à 18:33

De « cul-de-sac », la rive sud de la Méditerranée peut devenir le « Mexique de l’Europe », dans le cadre d’un puissant axe de développement Afrique-Méditerranée-Europe tiré par l’Égypte et le Maghreb francophone, estime Jean-Louis Guigou, fondateur de l’Institut pour la prospective économique du monde méditerranéen (Ipemed).

« La Méditerranée, c’est-à-dire ici le Maghreb, du Maroc à l’Égypte, va changer de statut. Autrefois traitée par l’Europe comme une périphérie marginale, comme un “cul-de-sac”, elle va devenir centrale dans la perspective de la “Verticale Afrique-Méditerranée-Europe” », diagnostique Jean-Louis Guigou.

Pour celui qui est aujourd’hui président du comité stratégique de l’Ipemed, les découvertes d’importants gisements gaziers dans la partie orientale de la Mer, au large de la Grèce, d’Israël ou encore de l’Égypte – avec des réserves potentiellement « supérieures à celles du Moyen-Orient » – ont changé la donne.

Ce ne seront plus les Maghrébins qui vont monter vers le capital européen, mais c’est le capital qui va descendre.

Jean-Louis Guigou, fondateur de l’Ipemed

« Personne ne s’y trompe, cette zone va s’industrialiser, analyse l’expert au micro d’Ecomnewsmed. Ce ne seront plus les Maghrébins qui vont monter vers le capital européen, mais c’est le capital qui va descendre. Le nord de l’Afrique peut ainsi devenir, c’est une image, le “Mexique de l’Europe”. Il faut qu’on s’habitue à l’idée de 500 millions d’Européens, un peu vieillissants, et d’un nord de l’Afrique réservoir d’une main-d’oeuvre qui reste chez elle, industrialisée grâce à la coproduction des Européens. »

Jean-Louis Guigou : « Nous allons passer d’une Méditerranée marginale à une Méditerranée centrale »
Ecomnewsmed

Jeunesse et matières premières

Quelles répercussions cette nouvelle configuration aura-t-elle sur la structuration de l’espace maghrébin ? Pour le spécialiste en prospective, l’intégration sera aussi horizontale, passant davantage par des traités bilatéraux que par une Union du Maghreb arabe (UMA) morte-née.

Deux principaux pôles vont se renforcer : l’Égypte, plutôt anglophone, avec ses 100 millions d’habitants et le canal de Suez – qui abrite notamment la plus grande Zone économique spéciale (ZES) chinoise – ; et le Maghreb, francophone, comptant lui aussi 100 millions de résidents.

« Nous travaillons sur un schéma où le Maghreb sera une zone de relocalisation des activités au sud de l’Europe. Cela concernera tous les domaines, mais surtout les secteurs manufacturiers, qui exigent beaucoup d’énergie et une jeunesse relativement formée. Et l’Afrique du Nord a cette jeunesse, possède de l’énergie et les matières premières adéquates », conclut Jean-Louis Guigou.

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