Libye : Covid-19, Chômage, lutte contre la contre bande, rentrée scolaire … quelles sont les dernières informations qui touchent le pays ?
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Denys Bédarride
mercredi 14 octobre 2020 Dernière mise à jour le Mercredi 14 Octobre 2020 à 17:19

Le gouverneur de la Banque centrale de Libye (BCL) a mis en garde contre un effondrement financier dû à l'augmentation de la dette générale de l’État, qui atteindrait un niveau record de 270 % du PIB. Selon lui, l’embargo pétrolier a entraîné une baisse du PIB de 55 %.

Dans le cadre d’une réunion avec la Chambre des représentants à Tripoli le 6 octobre 2020, le gouverneur de la BCL, Seddik al-Kabir, a déclaré avoir demandé au chef du Conseil présidentiel, Fayez al-Sarraj, de convoquer d’urgence une réunion afin de travailler de manière constructive pour trouver des solutions aux défis auxquels ils sont confrontés, avec comme « priorité absolue » l’objectif de mettre fin à l’embargo pétrolier.

Le gouverneur estime que l’embargo pétrolier aurait entraîné une baisse du PIB de – 55 %. Par ailleurs, il a déclaré que la BCL parallèle dans l’est de la Libye a imprimé 15 milliards de dinars en Russie et a utilisé cette somme pour financer les dépenses du gouvernement de l’Est. Elle aurait également créé de nouveaux systèmes qui ont conduit à une augmentation des comptes des banques commerciales atteignant 43 milliards de dinars.

« Ingérence politique »

Le gouverneur a déclaré que l’ingérence politique dans les activités des banques dans l’est de la Libye a conduit la Banque de commerce et de développement (BCD) à accorder un prêt à l’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar.

Selon lui, la BCD a été utilisée comme un outil par les forces politiques de l’Est pour acheter des devises fortes sur le marché noir grâce à l’utilisation de chèques à prix réduit qui ont augmenté le taux de change du dollar sur le marché noir, poussant la BCL à fermer le système de compensation des chèques avec l’Est, l’isolant ainsi du système financier.

Seddik al-Kabir serait cependant actuellement en pourparlers avec les banques de l’Ouest pour trouver une solution à la fermeture du système de compensation des chèques. Enfin, il a présenté les mesures prises par la BCL afin de lutter contre la fraude et le blanchiment d’argent, notamment : 

1/ La BCL a réactivé le Comité national de lutte contre le blanchiment d’argent et contre le financement du terrorisme. 
2/ Elle adhère aux normes établies par le Groupe d’action financière (Gafi).
3/ En 2017, à travers un programme d’assistance technique avec le FMI, et avec le soutien du Département du Trésor des États-Unis, la BCL a travaillé au développement du régime libyen de lutte contre le blanchiment d’argent et contre le financement du terrorisme, conformément aux normes internationales, ce qui comprenait l’élaboration d’un cadre de conformité et de procédures.

3,8 Mds de recettes fiscales

La BCL a publié les données budgétaires relatives aux neuf premiers mois de l’année 2020. Sur la période du 1er janvier au 30 septembre 2020, les recettes budgétaires se seraient limitées à 3,8 milliards de dinars selon l’institution, loin de l’objectif initial de 7,3 milliards de dinars.

En raison de la fermeture des installations pétrolières entre janvier et septembre 2020, les revenus pétroliers sur les neuf premiers mois de 2020 s’élevaient à seulement 2,4 milliards de dinars, et représentaient 62,6 % des recettes budgétaires (contre 92,6 % sur l’année 2019). Les autres recettes sont principalement les recettes fiscales (456 millions de dinars, soit 11,9 % des recettes budgétaires totales).

Plus de 40 000 cas de coronavirus

En sus, les revenus de la taxe sur les ventes de devises, qui ne sont pas intégrées au budget, s’élèveraient à 15 milliards de dinars à la fin de septembre 2020, dont 1,6 milliard a été alloué pour financer l’investissement public, et le reste alloué pour rembourser la dette publique. Sur la même période, les dépenses budgétaires s’élèveraient à 25,6 milliards (28,9 milliards prévus initialement).

La BCL a donc inscrit un prêt de 20 milliards de dinars pour couvrir le déficit budgétaire. Les salaires, premier poste de dépense, représenteraient 63 % des dépenses publiques totales à la fin de septembre 2020. Il s’agirait ensuite des subventions (17 %), des dépenses d’urgence (10 %) et des biens et services (9 %). Concernant les subventions, 61 % sont des subventions aux carburants, 15 % pour les médicaments, 13 % pour l’électricité, 7 % pour l’assainissement et 4 % pour l’eau.

Le ministère des Finances a alloué 966 millions de dinars pour lutter contre le coronavirus sur les neuf premiers mois de 2020, dont plus de la moitié alloué au ministère de la Santé (572 millions), selon la BCL. Par ailleurs, alors que 40 292 cas de contamination à la Covid-19 et 616 décès ont été confirmés par le Centre national de lutte contre les maladies en Libye au 8 octobre 2020, le Conseil présidentiel a permis la réouverture des mosquées pour la tenue des prières à partir du 9 octobre 2020, après plus de sept mois de fermeture.

Arrestations pour corruption

À la suite des manifestations d’août et de septembre 2020, de nouvelles arrestations pour corruption ont eu lieu. Le bureau du procureur général a ainsi ordonné d’appréhender :


1/ le vice-ministre des Finances du Gouvernement d’entente nationale (GEN) pour corruption, en lien avec des allégations d’abus de fonds envers d’autres sociétés et de gaspillage de fonds publics ;
2/ le directeur du cabinet du gouverneur de la BCL ;
3/ le président du conseil d’administration d’Afriqiyah Airways, compagnie aérienne détenue par l’État.

Pour rappel, après les manifestations ayant eu lieu dans l’ouest libyen en août et en septembre 2020 pour protester contre la corruption dans l’État et contre les mauvaises conditions de vie, Fayez al-Sarraj avait appelé le système judiciaire libyen à enquêter sur les fonctionnaires accusés de corruption.

Source : Ambassade de France en Tunisie.

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