Le Fonds monétaire international (FMI) a fortement révisé à la baisse (à – 66,7 %) ses prévisions de croissance en 2020 pour la Libye, qui subit les conséquences d'une double crise liée à la pandémie de Covid-19 et au blocus pétrolier mis en place entre janvier et septembre 2020.
La baisse estimée du taux de croissance du PIB réel serait de – 66,7 % en 2020 (après + 9,9 % en 2019), contre une récession de – 58,7 % prévue pour 2020 selon le rapport d’avril 2020. La reprise prévue est cependant de + 76 % en 2021.
Le taux d’inflation prévu est de + 22,3 % en 2020, après + 4,6 % en 2019. Le creusement du déficit courant, de – 0,3 % du PIB en 2019 à – 59,8 % du PIB en 2020, a été fortement révisé à la baisse par rapport au précédent rapport, qui tablait sur un déficit courant de – 6,6 % du PIB en 2020. Quant à l’investissement, il passerait de 40,4 % du PIB en 2019 à 77,4 % en 2020.
Le FMI note cependant que la fiabilité des données de la Libye reste faible, en particulier en ce qui concerne les comptes nationaux et les projections à moyen terme.
Propositions de réformes
Le Gouvernement d’entente nationale (GEN, reconnu par la communauté internationale) a tenu une réunion le 13 octobre 2020 sur le budget 2021 et les réformes proposées.
Le projet de budget a été renvoyé pour approbation, en tenant compte des commentaires des ministres. Lors de la réunion, tenue le 13 octobre 2020, le ministère des Finances a également proposé 26 nouvelles initiatives de réforme, à la fois dans les domaines financier, numérique et institutionnel.
Parmi les réformes financières et numériques proposées figuraient notamment celle des salaires du secteur public ; celle des paiements électroniques ; la mise en place d’une base de données biométrique nationale ; la mise en place du système douanier automatisé Sydonia, conçu par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) et qui couvre la plupart des procédures de commerce extérieur ; le développement du système d’administration fiscale ; ainsi que l’unification des échelles salariales.
Par ailleurs, les réformes institutionnelles proposées comprenaient notamment la mise en place d’une unité macro-économique (pour les statistiques économiques et financières) ; le changement du rôle des banques spécialisées ; la création d’une société PPP pour un partenariat entre les secteurs public et privé ; la mise en place d’un centre de communication et de presse au ministère des Finances ; la création d’une cellule de renseignement financier ; la restructuration du ministère des Finances ; l’établissement d’une unité de réduction des dépenses, ainsi que celui d’une unité de développement des revenus pétroliers.
Audit du fonds souverain
D’autre part, le Fonds souverain libyen (Libyan Investment Authority, LIA) a nommé le cabinet Ernst & Young (EY) pour réaliser un audit financier de ses comptes de 2019.
Selon la LIA, cette nomination s’inscrit dans le cadre de sa stratégie visant à consolider la gouvernance, la divulgation et la transparence, et à renforcer le lien de confiance avec la communauté internationale. Le fonds souverain a par ailleurs déclaré souhaiter achever en novembre prochain l’évaluation de tous ses actifs jusqu’en 2019.
Pour rappel, afin d’éviter les détournements de fonds à la suite de la première guerre civile libyenne de 2011, et conformément aux résolutions de l’Organisation des Nations unies n°1970, du 26 février 2011, et n°1973, du 17 mars 2011, les fonds, autres avoirs financiers et ressources économiques se trouvant sur le territoire des États membres de l’ONU, qui sont détenus ou contrôlés, directement ou indirectement par la LIA au 16 septembre 2011, ont été gelés.
Les intérêts et autres revenus ou paiements sur ces actifs gelés, qui ont été générés après le 16 septembre 2011, sont également gelés. En revanche, ces actifs, ainsi que les intérêts, et autres revenus ou paiements sur ces actifs, ne sont pas gelés s’ils sont localisés en Libye ou ont été acquis après le 16 septembre 2011.
Source : Ambassade de France en Tunisie.
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