Pour généraliser son système de protection sociale au profit de tous les Marocains à l’horizon 2025, le Maroc a fait le choix de l’ouverture du secteur de la santé aux compétences étrangères et à l’investissement étranger, annonce faite lors de la cérémonie de lancement de ce projet immense que le roi Mohammed VI a présidé le 14 avril à Fès. Pour Rabat, ce chantier prioritaire devrait constituer un véritable changement de paradigme.
L’enjeu est de taille. 22 millions de citoyens marocains devraient être assurés contre la maladie (frais de médicaments et d’hospitalisation), au cours des années 2021 et 2022 selon la nouvelle stratégie de protection sociale.
Autre ambition majeure du Maroc : généraliser les allocations familiales durant les années 2023 et 2024 au profit des familles qui n’en bénéficient pas à date.
Sous l’impulsion du Roi Mohammed VI, qui porte ce projet personnellement, le royaume procédera également, selon un calendrier précis, à l’élargissement de la base des adhérents aux régimes de retraite. L’objectif est d’inclure environ 5 millions de personnes qui exercent un emploi et qui ne bénéficient d’aucune pension à horizon 2025. L’Etat marocain ne compte pas s’arrêter là. L’indemnité pour perte d’emploi sera également généralisée durant l’année 2025 pour couvrir toute personne exerçant un emploi stable.
Une ouverture maitrisée vers les compétences internationales
Toutefois, le manque de ressources humaines reste substantiel face à l’ampleur du projet. La généralisation de la couverture médicale va donc nécessiter de relever de nombreux défis, notamment ceux qui concernent le faible taux d’encadrement médical, le manque de ressources humaines et leur répartition géographique inégale.
Pour pallier cela, le royaume chérifien a donc décidé de s’ouvrir sur les compétences étrangères, et de leur permettre de rejoindre le corps médical, ainsi que de stimuler l’investissement dans le secteur de la santé, à travers un cadre adapté qui sera précisé au cours des prochains moins.
En chiffres, le Maroc a besoin aujourd’hui de 35 000 médecins et 57 000 infirmiers, soit près de 100 000 compétences additionnelles.
Le pays compte près de 25 000 médecins, dont plus de la moitié travaillent dans le privé, pour 36 millions d’habitants. Ceci alors que les standards fixés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), sont de l’ordre d’une vingtaine de médecins pour 10 000 habitants.
Au niveau des infrastructures, le Maroc compte 5 Centres Hospitaliers Universitaires (CHU), qui sont opérationnels et 3 autres qui sont actuellement en cours de construction, et dont les travaux sont presque achevés.
Afin de pouvoir répondre à la demande de plus en plus grandissante au fur et à mesure de la mise en œuvre de ce chantier, des mesures d’accompagnement seront adoptées, et qui auront pour objectifs d’intensifier les programmes de formation et la consolidation des compétences médicales des professionnels de la santé.
Un renforcement des capacités médicales nationales
Il est clair que le succès de cette réforme reste donc tributaire du renforcement des capacités médicales nationales et de la lutte contre le déficit en matière de cadres sanitaires. En revanche, le Maroc a opté pour une ouverture du secteur de la santé aux compétences étrangères et à l’investissement étranger et la capitalisation sur des expériences réussies, conformément aux instructions royales contenues dans le discours d’ouverture du Parlement au titre de l’année 2020.
Une ouverture qui s’avère nécessaire pour réussir le pari de la généralisation. Selon l’expert en politique économique Uri Dadush, Senior fellow du Policy Center for the New South (PCNS) : “tout ce qui ouvre le Maroc aux connaissances internationales et à la concurrence internationale est une démarche qui est saine”, fait-il savoir dans une déclaration à l’agence marocaine de presse (MAP). Cet expert estime qu’il est “rassurant de voir que le Maroc continue à être dédié à une politique d’ouverture et d’apprendre le plus possible des meilleures pratiques”.
En somme, le vaste plan de généralisation de la protection sociale constitue un ensemble cohérent et ambitieux, qui allie à la fois des mesures de transformation interne à travers une mobilisation massive des ressources de l’Etat, mais également une forte ouverture sur l’extérieur et la mise en place de partenariats publics-privés.
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