Quelles sont les dernières relations et perspectives entre l’Afrique du Nord et l’Union Européenne ?
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Denys Bédarride
vendredi 25 février 2022 Dernière mise à jour le Vendredi 25 Février 2022 à 11:55

Les accords d’association entre l’Union européenne et l’Afrique du Nord, conclus à partir de la fin des années 1990, ont favorisé une progression du commerce entre les deux rives de la Méditerranée et une intensification des échanges dans certains secteurs industriels. Toutefois, les parts de marché de l’UE ont reculé sous l’effet de la progression des pays émergents. De nouvelles voies de coopérations avec les pays nord-africains pourraient renforcer les chaînes de valeur euro-méditerranéennes.

L’Union européenne (UE) a conclu à partir de la fin des années 1990 quatre accords d’association avec des partenaires d’Afrique du Nord – Tunisie en 1998, Maroc en 2000, Egypte en 2004, Algérie en 2005 – prévoyant des dispositions de coopération économique, commerciale et financière, dans l’objectif de permettre l’établissement progressif d’une zone euro-méditerranéenne de libre- échange. 

Ces accords ont favorisé une progression du commerce entre les deux rives de la Méditerranée, même si les parts de marché de l’UE sont compressées par la progression de celles des pays émergents, de la Chine et de la Turquie en particulier. En outre, les bénéfices relatifs de ces accords se sont progressivement réduits à mesure que l’UE concluait des accords plus complets et plus ambitieux avec d’autres partenaires. 

Depuis l’entrée en vigueur de ces accords, et sous l’effet de ces deux déterminants, le solde commercial des pays d’Afrique du Nord vis-à-vis de l’UE s’est dégradé, mais moins que vis-à-vis du reste du monde.

Les accords d’association ont coïncidé avec une intensification des échanges dans certains secteurs industriels, accompagnant l’émergence de chaînes de valeur euro-méditerranéennes, notamment dans l’automobile et l’aéronautique.

À l’origine des accords d’association, le Processus de Barcelone (1995) visait également à stimuler les échanges entre les pays d’Afrique du Nord, mais l’intégration économique et commerciale de la région reste très faible.

Alors que les négociations d’Accords de libre-échange complets et approfondis (ALECA) sont à ce jour bloquées en dépit d’intérêts convergents pour un approfondissement des relations commerciales, la Commission européenne explore des voies plus modulables pour accroître les liens économiques avec les pays nord-africains. Ces nouvelles coopérations pourraient porter sur l’harmonisation réglementaire des produits industriels, afin d’aider à la création et au développement de filières industrielles méditerranéennes Nord-Sud et Sud-Sud. 

Le 10 janvier dernier avait lieu, dans le cadre de la Présidence Française du Conseil de l’Union Européenne, une table ronde sur les relations commerciales entre l’UE et l’Afrique du Nord. La web-conférence s’est ouverte sur un bilan du partenariat euro-méditerranéen depuis les années 90, présenté par le Secrétaire Général de l’Union pour la Méditerranée, Nasser Kamel.

 La crise sanitaire a entravé les échanges commerciaux et l’intégration régionale doit devenir une réelle priorité européenne. En effet, si l’intégration commerciale entre l’UE et l’Afrique du Nord a connu des progrès (avec par exemple la tendance à la baisse des droits de douane), le processus reste lent et en deçà du potentiel de la région en termes de capacités et de ressources.

Cette intégration commerciale fait encore face à de nombreux défis: des obstacles non tarifaires au commerce des marchandises, l’absence d’un cadre règlementaire adéquat pour le commerce des services, un environnement opérationnel qui entrave la participation des entreprises au commerce international (avec un manque de prévisibilité, de stabilité et de transparence), etc. 

Plusieurs intervenants ont également souligné la nécessité de relocaliser les chaînes de valeur afin de les réduire et de les rendre moins fragmentées. Des opportunités immédiates de substitution aux produits importés d’Asie semblent exister dans plus d’une quinzaine de secteurs en Afrique du Nord, selon une étude co-menée par Patricia Augier, enseignante- chercheure à l’Université d’Aix-Marseille et responsable scientifique du FEMISE (Forum Euro-méditerranéen des Instituts de Sciences Économiques).

Les deux régions offrent des possibilités de croissance et de développement l’une pour l’autre, mais pour que ces possibilités soient débloquées il est nécessaire de partager une vision commune, claire et transparente. Une simple intégration commerciale ne suffit pas, un réel co-développement est nécessaire : « l’intégration commerciale n’est pas l’objectif, mais bien un moyen pour parvenir à un co-développement entre les deux régions ». 

Ce développement bilatéral doit également se manifester par l’initiation d’une politique industrielle entre les deux régions et l’établissement de nouveaux dispositifs pour engager l’investissement et les IDE. En revanche, si la transition verte et l’expansion du numérique sont deux objectifs primordiaux pour l’UE mais aussi pour la dynamisation des deux régions, l’Afrique du Nord a des priorités différentes (création d’emplois et développement de l’industrie) qui nécessitent d’être résolues pour une convergence des intérêts entre les deux régions.

Enfin, les intervenants ont souligné que des relations pérennes devaient être construites, que ce soit sur le plan industriel, sur le plan de la jeunesse, ou de l’internationalisation, afin d’aider les entreprises africaines, et notamment les PME, à aller vers l’Europe et à perdurer en Afrique. 

« L’Afrique du Nord ne doit plus juste être considérée comme un fournisseur de l’UE mais bien comme un réel partenaire, aux entreprises pérennes contribuant au développement des deux régions », comme l’a souligné Mohamed Sami AGLI, Président de la Confédération algérienne du patronat citoyen.

Source Ambassade de France en Tunisie

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