Afrique du Nord : La croissance devrait passer de 5,4% en 2021 à 4,2% en 2022 et 3,8% en 2023
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Agence Ecofin
vendredi 1 juillet 2022 Dernière mise à jour le Vendredi 1 Juillet 2022 à 07:30

La hausse des prix des hydrocarbures et des denrées alimentaires affaiblira les positions budgétaires et extérieures des pays importateurs nets de pétrole, et n’offrira qu’un répit temporaire aux exportateurs. 

La croissance du PIB réel de l’Afrique du Nord devrait passer de 5,4% en 2021 à 4,2% en 2022 et à 3,8% en 2023, en raison notamment de la hausse des prix des produits de base et de l’aversion au risque plus prononcé sur les marchés depuis le début du conflit russo-ukrainien, a estimé Fitch Solutions Country Risk & Industry Research dans un rapport publié le 16 juin.

« L’invasion de l’Ukraine par la Russie a fait grimper les prix mondiaux des denrées alimentaires et des carburants et accru l’aversion au risque des marchés, avec des répercussions particulièrement graves pour les importateurs nets de pétrole de la région, à savoir : le Maroc, l’Egypte et la Tunisie », souligne le rapport consulté par l’Agence Ecofin.

Fitch Solutions a également précisé que les pays d’Afrique du Nord exportateurs de pétrole, en l’occurrence la Libye et l’Algérie, « profiteront quelque peu de la hausse des prix mondiaux des produits de base », tant en termes de valeur de leurs exportations que de recettes budgétaires, même si la flambée des prix des denrées alimentaires et le resserrement de la politique monétaire continueront de freiner la croissance.

Pour l’Algérie, la hausse des prix du brut ne devrait représenter qu’un « répit temporaire », car la baisse de la production pétrolière et les progrès limités en matière de réformes économiques pèseront sur la croissance ainsi que sur la dynamique du budget et du compte extérieur à plus long terme.

Dans le détail, Fitch Solutions estime que l’Egypte devrait enregistrer une croissance économique à 6,2% durant l’exercice fiscal 2021/2022 (1er juillet – 30 juin), grâce notamment à un rebond de l’activité économique durant le deuxième semestre 2021. Durant l’exercice 2022/2023 ce pays ne devrait cependant enregistrer qu’une croissance de 4,4%, dans le contexte d’une inflation à deux chiffres, d’une baisse de l’investissement public et d’un retard au niveau de la reprise du secteur touristique.

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Des poussées inflationnistes en vue 

En Tunisie, la croissance devrait passer de 3,1 % en 2021 à 2,5 % en 2022, en raison des pressions inflationnistes élevées et d’une baisse des exportations consécutive à l’affaiblissement de la demande mondiale.

Au Maroc, une contraction attendue de la production agricole pèsera lourd sur la croissance économique qui devrait chuter à 2% en 2022 contre 7,5 % en 2021.

Fitch Solutions a cependant révisé à la hausse ses prévisions de croissance pour la Libye et l’Algérie en 2022, respectivement à 8,6% et 3% contre 6,8% et 2,2 % avant l’envolée des cours du brut provoquée par la guerre en Ukraine. Ces taux de croissance prévus en 2022 pour les deux pays producteurs de pétrole restent cependant en dessous des niveaux enregistrés en 2021.

Le rapport révèle par ailleurs que l’inflation moyenne en Afrique du Nord devrait grimper à 10,1% en 2022 contre 4,8% en 2021, en raison de la hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires sur le marché international, et de l’affaiblissement des monnaies nationales. En effet, les composantes alimentation et transport représentent plus de 40 % des paniers de l’indice des prix à la consommation dans l’ensemble des économies d’Afrique du Nord. L’inflation sera à deux chiffres en Egypte. Elle dépassera 7 % en Tunisie et en Algérie, tandis qu’elle sera nettement supérieure aux taux enregistrés en 2021 au Maroc.

En 2023, l’inflation devrait ralentir dans la région, pour se situer à une moyenne de 6,8 %.

En raison de ces pressions inflationnistes, Fitch Solutions précise que le risque des troubles sociaux devrait augmenter en Afrique du Nord, et plus particulièrement dans les pays importateurs de pétrole, qui disposent de moins de ressources pour atténuer la hausse constante des prix des denrées alimentaires et des carburants. 

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