Le blocus pétrolier sur six champs d’extraction intervenu entre mi-avril et mi-juillet 2022 a entrainé une chute de 865 000 b/j de la production pétrolière et de près 220 M de m3 de la production de gaz naturel par jour. Le coût de ces trois mois de blocage est estimé à environ 3,5 Md USD.
Au milieu de l’été, le remplacement du président de la NOC Mustafa Sanalla par Fahrat Bengdara rebattait les cartes et laissait entrevoir un fragile équilibre entre les intérêts de l’ouest et de l’est dans le domaine du contrôle et du partage du pouvoir dans le domaine des hydrocarbures.
Depuis début août 2022, la production pétrolière atteint à nouveau ses niveaux pré-blocus, autour de 1,2 Mb/j de pétrole brut et 50 000 b/j de condensats. Mi-octobre, les projections de l’OPEP tablaient pour la Libye sur une production moyenne de pétrole brut pour l’ensemble de l’année 2022 à 1,02 b/j, contre 1,18 b/j en 2021 ; un moindre mal compte tenu de l’ampleur du blocus intervenu en 2022 mais un scénario qui implique néanmoins la poursuite de l’équilibre actuel, pourtant menacé par l’accumulation de tensions internes et externes.
Le nouvel équilibre précaire issu de l’accord entre M. Aldabaiba et M. Haftar sur le remplacement de M. Sanalla par M. Bengdara à la tête de la NOC pourrait être fragilisé par la réactivation du Conseil Supérieur de l’Energie, organe créé en 2009 mais jamais mis en place. Doté de larges prérogatives, ce Conseil est présidé par le Premier Ministre du GUN en personne. Sont membres les ministres des hydrocarbures, du plan, de l’économie, des finances, le chef du bureau d’audit, le Directeur de la BCL, le président de la NOC, de la GECOL et de l’Organisation pour les énergies renouvelables.
Ce conseil supérieur de l’Energie rebat les cartes dans le jeu crucial du contrôle du secteur des hydrocarbures et place M. Aoun, ministre des hydrocarbures et M. Bengdara, président de la NOC, dans une situation inconfortable. En outre, la signature d’un protocole d’accord entre le gouvernement du GUN et la Turquie sur la coopération en matière d’exploration et d’exploitation des hydrocarbures a contribué à la montée des tensions.
Cette signature a suscité la condamnation d’acteurs internationaux au premier rang desquels la Grèce ou l’Egypte qui craignent qu’il puisse conduire à des activités d’exploration et de développement dans les zones économiques exclusives qu’elles revendiquent. Ce dernier protocole d’accord fait suite à un accord contesté de novembre 2019 sur la frontière maritime entre la Libye et la Turquie, qui étendait considérablement leurs délimitations maritimes au détriment de la Grèce et de l’Égypte.
Ce dernier mouvement du Premier ministre du GUN illustre la redistribution des rôles en cours au sein du secteur libyen des hydrocarbures, auparavant contrôlé par la NOC de M. Sanalla.
Enfin, les tensions sociales dans le sud-ouest libyen menacent directement la production pétrolière, les rumeurs de fermeture imminente par des groupes locaux se faisant de plus en plus insistantes. Environ 370 000 b/j sont produits dans cette zone, répartis entre le champ d’El Sharara (300 000 b/j), dirigé par Repsol (participation de TotalEnergies), et le champ d’El Feel (70 000 b/j), dirigé par Eni.
Source : Ambassade de France en Tunisie et Libye
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