A Rabat, Mohammed VI a présidé, le 3 décembre, la cérémonie de présentation du nouveau programme d’investissement vert du groupe OCP (2023-2027), durant laquelle ont été annoncées les grandes lignes de ce plan de 13 milliards de dollars. Revue de détails.
« En 2012, j’ai eu l’insigne honneur de demander les instructions de votre Majesté sur le plan de développement de l’OCP ». C’est en ces termes que le PDG du groupe OCP, Mostafa Terrab, a présenté devant le roi les résultats du premier programme d’investissement, qui a permis entre 2012 et 2021 d’ancrer l’OCP solidement dans le marché des engrais.
Ainsi, « ce premier programme d’investissement, qui touche à sa fin, visait à ajouter de la valeur à la roche phosphatée marocaine et à placer le Maroc comme un acteur important dans le secteur des engrais », souligne le PDG de l’OCP, en exprimant son satisfecit quant aux objectifs atteints.
Un champion du made in Morocco
Les chiffres ne manquent pas pour illustrer une décennie de croissance verte. En effet, le géant marocain est passé d’une capacité de production 4,5 millions de tonnes pour les engrais en 2012 à 12 millions de tonnes en 2021. De même, on notera une croissance de 27 millions de tonnes pour la roche en 2012, à 44 millions de tonnes en 2021. S’agissant des capacités logistiques et portuaires, le groupe est ainsi passé de 26 millions de tonnes à 50 millions de tonnes en 2021.
Ce premier programme d’investissement, qui a donc nécessité une enveloppe budgétaire de 8 milliards de dollars, a connu la participation de 400 entreprises industrielles marocaines et a permis de créer 8400 emplois directs et indirects.
Le groupe n’a pas lésiné sur les moyens pour capter les opportunités offertes par les nouvelles technologies industrielles et digitales, en s’appuyant sur les capacités de recherche et développement de l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P). Pour répondre aux enjeux de l’agriculture durable et de la sécurité alimentaire, l’OCP s’emploie à développer une expertise sur les technologies innovantes de fertilisation raisonnée.
Sur le plan international, la percée du groupe est mesurable. Son chiffre d’affaires a grimpé de 2,5 milliards de dollars en 2005 à 9,4 milliards de dollars en 2021. En passant de 3,0 Millions de tonnes (mT) en 2005 à 12,0 Millions de tonnes en 2021 de capacité en engrais phosphatés, le groupe est désormais le premier sur le marché mondial des engrais, suivi par les États-Unis, la Chine, l’Arabie-Saoudite et la Russie.
Maintenant que l’OCP se positionne comme un des premiers producteurs et exportateurs mondiaux d’engrais phosphatés, Rabat veut désormais accroitre les capacités de production d’engrais tout en s’engageant à atteindre la neutralité carbone avant 2040.
Une position mondiale à consolider
A cette occasion, Mostafa Terrab a exposé le nouveau programme d’investissement vert de son groupe. Quelques jours après la séance de travail présidée par le souverain chérifien, le 22 novembre dernier, consacrée au développement des énergies renouvelables et aux nouvelles perspectives dans ce domaine, cette nouvelle annonce vient confirmer, encore une fois, la volonté du pays d’investir la filière énergies renouvelables de l’hydrogène vert et l’ammoniaque vert.
Pour consolider sa position mondiale, le groupe s’apprête à mobiliser un investissement global de l’ordre de 130 milliards de dirhams (soit 13 milliards de dollars) sur la période 2023-2027, afin d’accroitre ses capacités de production d’engrais, en passant de 12 millions de tonnes à 20 millions de tonnes. L’objectif est de mettre en place un écosystème national innovant et la création de nouvelles opportunités d’emplois et d’insertion professionnelle pour les jeunes.
Dans le détail, cette étape devrait permettre la réalisation d’un taux d’intégration locale de 70%, l’accompagnement de 600 entreprises industrielles marocaines et la création de 25 000 emplois directs et indirects.
Le Maroc étant engagé pour avancer sur la voie de la neutralité carbone à horizon 2050, ce nouveau programme d’investissement pourrait constituer de ce fait un pas de l’avant vers la concrétisation de ses objectifs. En effet, l’OCP projette d’alimenter l’ensemble de son outil industriel en énergie verte d’ici 2027 et atteindre ainsi la neutralité carbone avant 2040.
Autre annonce de taille : le groupe prépare dans ce cadre son entrée en force dans le marché des engrais verts et des solutions de fertilisation adaptées aux besoins spécifiques des différents sols et cultures. Étant le premier importateur mondial d’ammoniaque, l’OCP entend mettre fin à sa dépendance dans de ce domaine, en investissant également dans la filière de l’hydrogène vert et l’ammoniaque vert.
Dans la foulée, un protocole d’accord a été signé par le gouvernement et le groupe OCP. Du côté de l’exécutif, l’accord a été paraphé par les Ministres de l’Intérieur, de l’Économie et des Finances, de l’Équipement et de l’Eau, de la Transition énergétique et du Développement durable, de l’Investissement, de la Convergence et de l’Évaluation des Politiques Publiques. Un plan désormais sur les rails.
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