dinar irak
#Economie #Monnaie #IRAK
Denys Bédarride
lundi 27 février 2023 Dernière mise à jour le Lundi 27 Février 2023 à 10:23

Le système monétaire irakien repose sur un taux de change fixe (currency peg) entre le dinar irakien (IQD) et le dollar américain (USD) – depuis la réévaluation du 8 février dernier, 1 USD vaut 1 300 IQD. Pour mémoire, le dinar avait été dévalué en décembre 2020 à 1USD = 1460 IQD, contre 1182 précédemment. La Banque Centrale irakienne (BCi) se fournit en dollars depuis son compte hébergé à la Federal Reserve de New York, avec l’accord de celle-ci – les recettes en dollars des exportations pétrolières irakiennes étant versées sur ce compte.

La BCi vend ensuite quotidiennement un certain volume de dollars directement aux banques commerciales, aux bureaux de change et à certains importateurs irakiens au travers du système dit de « dollar auction », à un taux fixe légèrement supérieur au peg (1 310 ou 1 320 IQD pour 1 USD selon les acteurs concernés). Les acteurs économiques n’accédant pas directement aux dollar auctions peuvent se fournir en dollars auprès des banques commerciales, au même taux (1 320 IQD).

Le taux pratiqué par les bureaux de change, lui, dépend de la quantité de dollars fournie par la BCi et de son adéquation avec la demande locale ; il est donc flottant mais traditionnellement proche du taux officiel. Un troisième niveau d’échange de dollar s’opère sur un marché illégal au travers d’agents de change qui opèrent sans licence.

Les « dollar auctions » sont un outil crucial de la politique monétaire de la BCi pour maintenir la valeur du dinar et assurer la stabilité des prix, étant donnée la faible bancarisation de l’économie irakienne (seulement 20% de la population adulte serait titulaire d’un compte bancaire). Par ailleurs, via ces dollar auctions, la BCi fait également l’acquisition de dinars irakiens, qu’elle transmet ensuite au Ministère des Finances, permettant – entre autres – au Gouvernement de régler les dépenses courantes et de prendre en charge l’importante masse salariale publique (l’Etat restant le principal pourvoyeur d’emplois, avec près de 40 % de fonctionnaires).

L’approbation récente par le Premier Ministre de la décision de la BCi de réévaluer le dinar (cf. brève du 10/01) peut s’expliquer en partie par la volonté de lutter contre les conséquences, notamment en matière de pouvoir d’achat, de la dépréciation croissante constatée du dinar depuis le mois de novembre 2022. Cette dépréciation est essentiellement due à un renforcement des contrôles de conformité des transactions mis en place par la BCi – sous la pression de la Fed et du Trésor américain. 

Face aux difficultés de mise en place par la BCi de ces mesures, le volume de dollars fourni par la Fed a diminué et de nombreux acteurs économiques (notamment des entreprises importatrices), poursuivant des activités licites ou non, se sont détournés des circuits officiels pour se porter sur le marché parallèle des bureaux de change. Cela a exercé une pression à la hausse sur la demande de dollars, entrainant une dépréciation du dinar (qui a perdu près de 12 % de sa valeur entre novembre 2022 et janvier 2023) et un renchérissement des produits de base (puisque ces derniers sont très majoritairement importés). 

Afin d’apaiser le mécontentement croissant de la population, les autorités irakiennes ont donc choisi de réévaluer le dinar par rapport au dollar – au risque d’augmenter le poids des dépenses publiques dans le budget 2023. Celles-ci sont libellées en dinar, à la différence des recettes qui, provenant quasi-exclusivement des exportations de pétrole, le sont en dollar. 

Source Ambassade de France au Liban

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