Palestine : L’activité économique connait une forte baisse en février 2022
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Denys Bédarride
vendredi 29 mars 2024 Dernière mise à jour le Vendredi 29 Mars 2024 à 07:00

Alors que les perspectives économiques étaient déjà critiques avant le début du conflit, celui-ci affecte sévèrement plusieurs fondamentaux de l’économie palestinienne. Depuis le 7 octobre 2023, le niveau d’activité économique a connu une baisse de près de 50%, principalement du fait de la réduction des échanges avec Israël et des contraintes en matière de circulation des biens et des personnes, notamment en Cisjordanie.

Alors que la croissance était estimée à +3,2% avant le conflit, le PIB post-conflit devrait être marqué par une récession de – 6,4%, selon les dernières estimations de la Banque Mondiale. Malgré le niveau de capital humain élevé de son secteur privé, le marché du travail palestinien n’est pas en mesure d’absorber la croissance de la population active ni les 200 000 travailleurs palestiniens en Israël dont les permis sont désormais suspendus. Le taux de chômage pourrait augmenter de 13% à 30% à court terme en Cisjordanie et de 45% à 85% à Gaza. 

L’accélération de l’inflation devrait par ailleurs s’accentuer en 2024 : l’indice des prix à la consommation a augmenté de +19% en janvier 2024 par rapport à janvier 2023, selon le Bureau central des statistiques palestiniennes, principalement du fait de la situation à Gaza (augmentation de +72% à Gaza, +5,5% en Cisjordanie et +4,4% à Jérusalem).

La dégradation de la situation socio-économique de la bande de Gaza est particulièrement grave et préoccupante. 

Gaza est historiquement moins développée que la Cisjordanie et Jérusalem-Est (PIB par habitant de moins de 2000 USD, contre 4000 USD en Cisjordanie) et le conflit provoque une crise d’ampleur supplémentaire. Selon les évaluations de la Banque mondiale, plus de 70% des infrastructures ont été détruites depuis le 7 octobre 2023.

La situation alarmante de l’Autorité palestinienne (AP) fait peser des pressions supplémentaires sur le système économique et financier.

L’AP fait en effet face à une triple pression sur ses recettes : 

1) Les retenues croissantes, de la part du gouvernement israélien, sur ses recettes douanières (clearance revenues) 

2) la diminution des recettes fiscales locales, de plus de 50% du fait de la chute de l’activité économique 

3) une conditionnalité accrue sur l’aide internationale qui a par ailleurs diminué de près de 80% depuis 2010. 

Selon la Banque Mondiale, le déficit budgétaire de l’Autorité palestinienne pour l’année 2023 s’élève à 516 M USD (soit 3% du PIB) alors qu’il était de 106 M avant le conflit. Dans ce contexte, l’AP a recours aux banques locales, qui sont de plus en plus exposées au secteur public.

Bien que le secteur bancaire palestinien soit traditionnellement correctement capitalisé, provisionné et supervisé, le conflit induit des risques sur sa soutenabilité globale et sur sa capacité à financer les entreprises dans un contexte de resserrement potentiel du crédit. 

Captives d’un climat d’incertitude politique et d’exposition accrue au risque, faute de pouvoir accéder au crédit sur le marché international et dans un contexte de tarissement d’entrée de devises, les banques peinent à répondre aux besoins de financements. 

En Cisjordanie, le principal risque pour les banques provient des prêts des 200 000 Palestiniens qui travaillaient en Israël et dont les permis ont été révoqués (hormis 5000 à 7000 d’entre eux rappelés dans le secteur agricole). Cette perte de salaire est un risque à la fois pour le remboursement de ces prêts et pour la survie financière des foyers.

Source : Ambassade de France en Israël

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