Palestine : Quelle est la situation économique et de la dette publique palestinienne ?
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Denys Bédarride
vendredi 5 avril 2024 Dernière mise à jour le Vendredi 5 Avril 2024 à 16:25

Selon un rapport conjoint de la Banque Mondiale, des Nations Unies et de l’Union Européenne, publié le 2 avril 2024, le coût des dommages matériels subis dans la bande de Gaza entre octobre 2023 et janvier 2024 s’élève à 18,5 Mds USD, soit 97% du PIB 2022 des Territoires Palestiniens (Cisjordanie, Gaza et Jérusalem Est).

Il ne s’agit là que d’évaluations préliminaires, se fondant notamment sur le mécanisme d’évaluation rapide des dommages et besoins (RDNA) provisoire mis en place par la Banque Mondiale depuis novembre 2023, en partenariat avec IPSOS, sur la base d’analyse d’images satellitaires en particulier. La Banque Mondiale attire l’attention sur le fait que ces évaluations augmenteront nécessairement une fois que la bande de Gaza sera de nouveau accessible.

Si tous les secteurs économiques sont affectés, la part la plus importante des dommages concerne les logements, représentant 72% des coûts estimés et laissant plus d’un million de personnes sans domicile (sur les 2,2 millions d’habitants que compte l’enclave) au-delà des déplacements de personnes (75% de la population) provoqués par les combats. 

Les postes suivants sont les infrastructures publiques dans le domaine de l’eau, de l’éducation et de la santé, comptant pour 19% des dommages évalués et enfin les bâtiments industriels et commerciaux, pour 9% des dommages. Les bombardements auraient en outre provoqué l’accumulation de 26 millions de tonnes de débris dont l’évacuation prendra des années. 

Au-delà des infrastructures, l’étude souligne également les conséquences dramatiques de ces dommages pour la population gazaouie. 

92% des routes primaires sont détruites ou sérieusement endommagées, ce qui complexifie d’autant plus l’acheminement de l’aide humanitaire, en particulier dans le nord de l’enclave. Alors que 84% des établissements de santé sont détruits ou très sérieusement endommagés, le manque d’électricité et d’eau entrave le fonctionnement des rares établissements restants. Le système d’accès à l’eau et l’assainissement s’est effondré, ne fournissant aujourd’hui que 5% de son rendement d’avant-guerre, qui était déjà en tension. 

Le système éducatif est à l’arrêt complet. Plus de la moitié de la population est au bord de la famine et l’intégralité des habitants de l’enclave fait face à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition. Tandis que le développement des nourrissons nés dans le cadre du conflit est menacé, les effets sur la santé physique et mentale de l’intégralité de la population perdureront sur plusieurs générations.

Au-delà de la dimension provisoire de ces évaluations, en l’absence de cessez-le-feu, on estime généralement que le coût de la reconstruction est généralement deux à trois fois plus élevé que le coût des dommages subis. 

À titre de comparaison, lors de la précédente guerre de Gaza en 2014, le coût des dommages était d’1,4 Md USD alors que le coût de la reconstruction s’élevait à 3,9 Mds USD, sur la base de la méthodologie RDNA. De même, lors du séisme de février 2022 en Turquie, les dommages représentaient 3,7 mds USD et les besoins pour la reconstruction s’élevaient à 7,9 Mds USD.

Source : Ambassade de France à Jérusalem

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