Tous les partenaires du projet SOLID se sont réunis le 12 juillet à Bruxelles au Conseil Economique et Social Européen pour dresser le bilan de ce projet financé par la Commission Européenne. 100 recommandations ont été présentées pour réussir à développer le dialogue social entre les syndicats patronaux, salariaux mais aussi avec la société civile dans l’ensemble des pays de la Méditerranée. Reportage exclusif.
Autour du projet SOLID – South Med Social Dialogue – les partenaires sociaux et les organisations de la société civile (OSC) du sud de la Méditerranée (Maroc, Algérie, Tunisie, Jordanie, Palestine et Liban), considèrent que le dialogue social est un mécanisme efficace pour parvenir au développement, établir la paix et promouvoir la sécurité sociale.
« Nous sommes conscients que les crises politiques, sociales et économiques que connaît la région ont conduit à l’incapacité des pays à progresser vers la réalisation des objectifs de développement et que les économies nationales sont devenues incapables de se redresser, de se diversifier et de rivaliser en raison des perturbations successives des marchés mondiaux, régionaux et nationaux, notamment le choc de la COVID-19, la baisse progressive de la demande locale et étrangère qui en a résulté, la baisse des transactions commerciales, la réduction de la production, la détérioration des conditions financières, les répercussions de la guerre russo-ukrainienne sur les prix du pétrole, du gaz et des denrées alimentaires de base », indiquent les partenaires de SOLID.
Assurer une stabilité politique
Afin de surmonter ces crises, et parce qu’il est important de mener un dialogue social pour introduire des réformes renforçant la résilience des économies du sud de la Méditerranée aux chocs, il faut garantir une transition économique réussie vers la quatrième révolution industrielle. Cela peut être réalisé en accélérant le rythme de la transformation numérique, en favorisant les sociétés apprenantes et en promouvant l’échange de connaissances pour stimuler l’innovation et la créativité, et, en fin de compte, favoriser le développement.
La cohésion sociale est un indicateur fondamental de la stabilité nationale et régionale et le dialogue social est un outil essentiel pour résoudre les problèmes sociaux. Le dialogue avec la société civile est important pour renforcer le rôle de l’État dans ses relations avec la société dans un climat démocratique et pour assurer la stabilité politique.
« Le projet SOLID a été créé dans le cadre de l’annonce d’une nécessité d’avoir un dialogue sur les objectifs de développement durable dans les pays du sud de la Méditerranée où l’on a détecté que des partenaires sociaux ne sont pas consultés », complète Dr Hind BEN AMMAR, Secrétaire exécutive de la Confédération des syndicats arabes.
Démanteler les barrières discriminatoires
Pour cela, il faut adopter des politiques participatives qui équilibrent les intérêts économiques avec les avantages sociaux accrus en raison des changements drastiques sur le marché du travail, de l’absence de justice développementale, de la croissance démographique constante, de l’érosion des capacités de vie de la classe moyenne et de l’érosion des infrastructures de services.
Et comprendre que la paix, la sécurité et la démocratie sont les piliers de la réalisation de la stabilité globale et de la construction des piliers de l’État social et qu’ils constituent un pont crucial pour atteindre l’égalité, démanteler les barrières discriminatoires basées sur le sexe, la race, la croyance, la pensée et la pratique et favoriser des sociétés fondées sur la justice et l’égalité.
Luc TRIANGLE, Secrétaire général de la Confédération syndicale internationale (CSI) qui rassemble 340 syndicats mondiaux dans 169 pays et concerne 200 millions de membres : « C’est le dialogue social qui gère aussi les transitions, les défis de l’industrie et des entreprises, etc. C’est quelque chose que nous devons faire tous ensemble : gérer ces transitions. Et pour ça, le dialogue social est crucial. »
Impliquer les organismes professionnels
Construire et étendre les résultats de la Promotion du Dialogue Social dans le Sud de la Méditerranée (SOLID 1), sur la base des fondements économiques, sociaux et des droits de l’homme décrits dans la Charte de solidarité pour ouvrir la voie à une nouvelle charte qui aborde les cinq transitions majeures auxquelles la région est confrontée.
Afin de parvenir à un parallélisme dans le renforcement des capacités de dialogue social et de réaliser les Objectifs de Développement Durable entre les partenaires sociaux en Algérie, Palestine et Liban, en tant que nouveaux entrants dans le programme et leurs homologues des pays participant à la première version du programme.
Comme les membres fondateurs croient fermement à l’approche stratégique de l’expansion géographique pour engager les parties sociales en Algérie, Palestine et Liban, ils soulignent l’importance de parvenir à une expansion sectorielle pour impliquer les organismes professionnels et les autorités locales élues.
Une Charte des grandes transitions
La Fédération syndicale internationale (FSI), la Confédération syndicale arabe (ATUC), l’Union des confédérations méditerranéennes d’entreprises (BUSINESSMED) et le Réseau arabe des OSC, avec un financement de l’Union européenne, ont lancé la deuxième phase du programme « SOLID 2 » en mettant l’accent sur l’élaboration d’une charte qui apporte des réponses et des propositions du point de vue des partenaires sociaux et des OSC.
« C’est très important, car dans le syndicat, il y a les personnes qui sont représentées dans le syndicat, mais les plus vulnérables n’ont pas la possibilité de se faire entendre, assure Tamam MROUE, Directrice exécutive de l’ONG libanaise « Mouvement Social ». Ils peuvent donc jouer ce rôle. En même temps, ils ont la capacité, l’expertise en matière de lobbying auprès des autorités et, en même temps, pour faire le lien entre les plus vulnérables et les autorités. »
Cette Charte abordera les grandes transitions en cours dans la région, notamment :
– Les transitions démocratiques, sécuritaires et de paix
– La transition vers un développement économique équitable
– La transition vers la justice sociale
– La transition vers des sociétés équitables et novatrices
– La transition climatique et énergétique équitable
Cette Charte, intitulée « Charte des transitions économiques, sociales, des droits de l’Homme, démocratiques et environnementales au Sud de la Méditerranée », doit permettre de formuler un futur programme de travail pour traduire et opérationnaliser les résultats de SOLiD dans ses première et deuxième versions sur les politiques nationales.
« SOLID est une plateforme qui permet d’échanger des idées, des pensées, des problèmes de manière collective et qui surprend les dirigeants par les nombreux points communs et les intérêts mutuels qu’ils partagent, conclut Tarek TAWFIK, Président de BUSINESSMED. Rassembler tout le monde a été une très bonne idée dès le départ. »
À propos de la phase 2 du projet SOLID
Le projet SOLID est le résultat d’un soutien à long terme de l’Union européenne pour renforcer le dialogue social dans les pays du sud de la Méditerranée, en renforçant les conseils économiques et sociaux et en ouvrant progressivement le dialogue aux organisations de la société civile.
La phase 1 du projet pilote SOLID mise en œuvre dans trois pays (Jordanie, Maroc et Tunisie) a intégré les organisations de la société civile en tant que partenaires à part entière du projet aux côtés des associations d’employeurs et des confédérations syndicales et a permis d’atteindre dans la région 12 des Objectifs du Millénaire pour le Développement.
La deuxième phase du projet SOLID a été mise en œuvre par la Confédération syndicale internationale (CSI) et ses partenaires et vise à soutenir les efforts des parties bénéficiaires afin de construire un dialogue social inclusif et structuré dans le voisinage du sud de la Méditerranée.
En outre, le projet s’est efforcé de traduire les résultats de la charte SOLID pour la promotion du dialogue social en plans d’action nationaux concrets pour les pays bénéficiaires de la première phase du projet et avec l’expansion à 3 nouveaux pays, l’Algérie, le Liban et la Palestine.
Maintenant, tous les partenaires ont les yeux rivés vers l’Union européenne pour la validation d’un projet SOLID 3 qui permettra justement de mettre en place ces 100 recommandations pour un dialogue social réussi entre les syndicats et les gouvernements des pays de la Méditerranée.
Crédit photos : ©Denys Bedarride/Ecomnews
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