Au cours des derniers mois, les trois principales agences de notation ont dégradé la note souveraine d’Israël. Fitch a été la dernière, en août dernier, dix mois après le début de la guerre. Cette évolution négative, entamée avant la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par le Hamas, ne permet toutefois pas de combler le décalage entre les notes attribuées à Israël par Fitch, S&P et Moody‘s et les réalités du marché de sa dette.
Selon le gouverneur de la Banque Centrale, Israël est encore noté au même niveau que des pays vertueux de l’OCDE alors que les marchés lui accordent des conditions moins favorables. Dès le mois de mai, certains économistes israéliens estimaient que la note « de marché » d’Israël était en réalité BBB-. L’écart de rendement entre les obligations émises en USD par Israël et obligations du Trésor américain est le même que pour le Mexique (140 points de base) alors que la Slovénie, qui dispose d’une notation comparable à Israël, bénéficie d’un écart de seulement 80 points de base.
Pourtant, Israël ne rencontre aucune difficulté pour lever des fonds. En avril, l’émission d’obligations d’État pour 8 Mds USD a été sursouscrite 4,5 fois. La guerre a obligé la Knesset à voter deux budgets rectificatifs, en décembre dernier pour l’année 2023 et en février pour l’année 2024. Le budget 2025, attendu en juin dernier, peine à se finaliser, sans doute en raison d’arbitrages délicats à mener en raison des incertitudes du conflit, quand bien même un cadre budgétaire vient d’être annoncé, après la reprise des travaux de la Knesset le 1er septembre.
Jusque-là, le gouvernement israélien a pu faire coexister des dépenses dites « de coalition » élevées (les plus hautes de l’histoire du pays, environ trois fois supérieures à celles des années précédentes) et un effort de guerre imposé par les circonstances. Dans la mécanique budgétaire israélienne, les « dépenses de coalition » visent à garantir la cohésion gouvernementale par la mise en œuvre des accords entre partis. Sur le plan militaire, l’aide américaine (plus de 14 Mds USD) votée en avril 2024 a été d’un grand secours. Le déficit budgétaire de 2024 devrait malgré cela être plus important que prévu, estimé à environ 7,8% pour l’année 2024.
Le ralentissement de la croissance économique (1,2% en rythme annuel) y est sans doute pour beaucoup, expliqué entre autres par la crise de la construction qui semble heureusement prendre fin. Quid du budget 2025 ? La durée du conflit et son intensification pourraient grever les finances publiques. Les lenteurs à finaliser le budget 2025 indiquent la complication à remettre en cause les dépenses de coalition pour répondre aux exigences du moment : dépenses militaires, inclusivité sociale, réformes d’avenir… y compris réforme fiscale. Seul un arbitrage réaliste sera de nature à maintenir l’objectif d’un taux d’endettement inférieur à 70% du PIB dans la décennie à venir. Source Ambassade de France en Israël
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