En Algérie, la concurrence reste rude sur le marché du blé. Si les opérateurs français restent dans la course, les fournisseurs russes ont en quelques années bouleversé les positions et rebattu les cartes.
En Algérie, le marché du blé est l’un des plus importants au monde et plus rien n’y est acquis, même pour les acteurs historiques.
C’est l’une des conclusions qui peut se dégager après le dernier coup de froid entre les opérateurs français et les autorités algériennes.
Le 9 octobre dernier, l’agence Reuters rapportait en effet l’exclusion des exportateurs français d’un appel d’offres lancé par l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) et « l’injonction » faite aux compagnies non tricolores de proposer du blé français comme option d’approvisionnement.
Selon des sources, cette décision serait une conséquence de la détérioration des relations diplomatiques entre les deux partenaires commerciaux au sujet du Sahara occidental, hypothèse rejetée par les autorités locales. Si avec cet épisode, certains estiment que le divorce entre l’Algérie et le blé français pourrait être définitivement acté, d’autres y voient le dernier signe de la fin de l’hégémonie de la céréale française.
Représentant, il y a une décennie, le premier client non européen des céréaliers français, l’Algérie est désormais un nouveau terrain d’influence pour la filière blé russe dont les volumes expédiés et les faibles prix sont des arguments de poids pour les autorités algériennes. Depuis que l’OAIC a modifié le taux de grains punaisés à 0,5 % contre 0,1 % en octobre 2020, le pays des Tsars a ainsi gagné en importance.
Selon les données du Département américain de l’agriculture (USDA), la Russie a exporté 2,3 millions de tonnes de blé, soit plus du ¼ des achats du pays d’Afrique du Nord en 2023/2024.
S’il reconnaît que la question du blé en Algérie est politique, François Luguenot, analyste des marchés agricoles, souligne que la céréale française manque de compétitivité et ne peut envisager une augmentation de ses parts de marchés face aux concurrents de la mer Noire, dont principalement la Russie.
« Le blé est un des produits qui pendant longtemps a fait l’objet d’un accord spécifique entre la France et l’Algérie. Il est souvent arrivé que les deux partenaires se fâchent. Mais si le blé français était 30 $ la tonne moins cher que le blé russe, l’Algérie l’aurait pris même si les autorités étaient fâchées », confie-t-il à l’Agence Ecofin.
Pour la nouvelle campagne 2024/2025, les acteurs russes sont déjà positionnés pour renforcer leur présence sur ce marché où le coût des importations dépasse chaque année les 1,5 milliard $.
D’après les prévisions relayées par Reuters, l’Algérie pourrait encore importer 3 millions de tonnes de blé depuis le pays des Tsars en 2024/2025, ce qui représenterait le tiers de ses achats totaux.
Le pays consomme environ 11 millions de tonnes de blé par an pour une production tournant autour des 3 millions de tonnes.
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