Maroc : La crise du COVID-19 va-t-elle être une occasion de développer le leadership féminin ?
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Denys Bédarride
vendredi 30 octobre 2020 Dernière mise à jour le Vendredi 30 Octobre 2020 à 13:18

Afin de tirer pleinement parti de la quatrième révolution industrielle, la Tunisie s’est dotée d’un outil de gouvernance spécifique. Un an d’expérimentation plus tard, le Startup Act a tout changé et ses résultats pourraient en inspirer bien d’autres.

La Tunisie compte aujourd’hui un total de 248 start-up labélisées. Ce sont celles qui ont rempli un certain nombre de critères définit par le Startup Act, le cadre juridique innovant et unique lancé en avril 2019 par le gouvernement tunisien pour accompagner les jeunes entrepreneurs locaux qui décident d’investir dans le pays, mais aussi les entrepreneurs étrangers qui ont décidé de s’y installer.

Au total, pour la période avril 2019-avril 2020, c’est 416 start-up qui ont demandé le label pour obtenir une série d’avantages et d’incitations. De nombreuses autres ont échoué à acquérir ce titre mais ne baissent pas les bras.

« Depuis ma prise de fonctions en tant que ministre des Technologies de la communication et de la Transformation digitale, l’une de mes routines préférées est sans doute la cérémonie de remise des labels aux start-up tunisiennes innovantes, déclare le ministre, Mohamed Fadhel Kraiem. Ce rituel, que je me fais un point d’honneur de présider chaque mois, me permet de découvrir avec émerveillement l’incroyable potentiel d’innovation de notre jeunesse. Cette jeunesse qui innove, nous nous devons de lui venir en aide, sans complaisance et avec la ferme conviction que c’est à travers elle que la transformation digitale de la Tunisie s’opèrera. Pour aider cette jeunesse qui entreprend, le cadre juridique unique du Startup Act donne déjà d’excellents résultats, mais il nous faut aller encore plus loin. »

Moitié du CA à l’export

Selon le rapport annuel du Startup Act Tunisie 2019-2020, publié par Smart Capital, l’ensemble des 248 start-up labellisées a généré un chiffre d’affaires cumulé de 66 millions de dinars (environ 20 millions d’euros) en 2019, dont 72 % a été réalisé sur le marché tunisien. Plus d’un tiers de ces start-up (38 %) n’ont pas réalisé de chiffre d’affaires, tandis qu’environ un tiers (32 %) ont réalisé un chiffre d’affaires inférieur à 100 000 dinars (environ 30 000 euros). Par ailleurs, 23 % des start-up labélisées ont généré un chiffre d’affaires entre 100 000 et 1 million de dinars, et près de 7 % d’entre elles ont un volume d’affaires supérieur à 1 million de dinars.

Les start-up labélisées ont réalisé la moitié de leur chiffre d’affaires à l’export avec l’Europe. Pratiquement trois quart du chiffre d’affaires à l’export a été enregistré avec les marchés européens, avec la région MENA et avec l’Afrique. Sur les 66 millions de dinars de chiffre d’affaires, 72,4 % a été généré par des start-up tunisiennes, alors que le reste est le fruit du travail des start-up étrangères, qui sont déjà au nombre de quatorze dans le pays.

Les start-up labélisées employaient 2 829 personnes (y compris les fondateurs) jusqu’en avril 2020, avec une moyenne de 11 personnes par start-up. Quasiment le tiers de ces emplois a été créé durant la première année suivant la création de la structure, et 4 emplois sur 10 dans les entreprises labellisées sont déclarés comme effectif féminin, indique le rapport.

549 personnes ont été enregistrées comme fondateur de start-up. Parmi elles, 52,3 % ont entre 20 et 34 ans ; l’âge de 43,4 % varie entre 35 et 49 ans ; 3,6 % ont entre 50 et 65 ans et 0,7 % sont âgés de plus de 65 ans.

Nouveau cadre d’investissement

Les données révélées par le rapport sur l’An un du Startup Act témoignent du dynamisme impulsé à l’industrie tunisienne de l’innovation. Elles laissent présager une montée en puissance graduelle car ce cadre n’est que le premier pilier du programme Startup Tunisia, dont l’objectif est de développer l’entrepreneuriat innovant local.

Le second pilier qui devrait bientôt être mis en place porte sur le nouveau cadre d’investissement. Il fera émerger une industrie de capital-risque solide et dynamique. Ce cadre repose sur trois instruments : le Fonds Anava, un incubateur de sociétés de gestion, et le Fonds de garantie des start-up. Il viendra résoudre le problème d’accès au financement des innovateurs qui, en 2019, ont effectué un total de 70 opérations de levées de fonds, pour une valeur de 60,6 millions de dinars (18,6 millions d’euros). 64 de ces opérations (92 %) ont été faites pour des montants inférieurs à 1 million de dinars. 43 opérations d’investissement ont été réalisées pour des montants entre 100 et 600 000 dinars, alors que six levées dépassent le million de dinars. La majorité de ces fonds a été prélevée sur l’épargne personnelle des fondateurs de start-up ou via l’appui familial.

« Gisement important de compétences »

Enfin, deux autres piliers viendront compléter le programme de développement de l’écosystème des start-up tunisiennes. Il s’agit du nouveau schéma d’appui aux start-up et aux structures de soutien de l’écosystème (SSO) et du nouveau plan d’appui à l’innovation dans le secteur public (dématérialisation des services administratifs, les services connectés et simplifiés…).

Pour Mohamed Fadhel Kraiem, ministre des Technologies de la communication, « la Tunisie dispose d’un gisement important de compétences ainsi que d’une grande appétence pour l’entrepreneuriat chez les jeunes : il nous revient de mettre en place les mécanismes nécessaires afin de canaliser toute cette énergie et d’appuyer nos start-up dans leur développement. Je crois fermement que la transformation digitale de la Tunisie est un processus déjà amorcé. Ce processus ne fera que gagner en puissance à mesure que nous multiplierons le nombre de start-up innovantes et que nous poursuivrons les efforts entrepris en vue de faciliter encore et toujours le quotidien des porteurs de projets. »

Source : Agence Ecofin.

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