Le Liban est confronté depuis plusieurs années à une crise économique sans précédent pour le pays. Inflation, dépendance aux importations, accès difficile au financement pour les entreprises libanaises. Plusieurs enjeux auxquels le pays doit remédier afin de ne pas tomber dans l’hyperinflation et l’effondrement économique.
Le Liban fait actuellement face à la pire crise économique de son histoire. En mars 2020, la dette publique du pays avait atteint 170 % du PIB, selon l’analyse économique d’Arab Reform Initiative. Depuis, cette valeur a été propulsée jusqu’à 275 % du PIB. La dépendance du pays sur l’import, due à un taux de change surévalué, a, à la fois, rongé la compétitivité du pays et augmenté le taux de chômage. L’économie du pays s’est développé en s’appuyant sur des services limités, des profits illusoires des banques et d’un foncier aux prix exorbitants et souvent inoccupé.
Une crise économique déjà bien amorcée qui n’a été qu’exacerbée par les mouvements de protestation en octobre 2019, la crise gouvernementale et les effets de la pandémie de coronavirus depuis début 2020. De plus, la dépréciation de la livre libanaise, depuis septembre 2019, ne fait que progresser. La monnaie en circulation, en dehors de la banque centrale, a augmenté de 487 % depuis septembre 2019. La livre libanaise a depuis déprécié de 90 %.
Différentes mesures à appliquer afin de stabiliser la situation économique du Liban
Ces différentes tensions économiques se renforcent depuis plusieurs années et pourraient amener à l’hyperinflation et un à effondrement économique. Afin d’y remédier, le Liban doit, selon l’analyse d’Arab Reform Initiative, appliquer des mesures et des politiques pour les court, moyen et long termes.
Concernant les taux de change, plusieurs mesures pourraient permettre de stabiliser l’état économique du pays. Ces taux de change pourraient être unifiés et les réserves de monnaie étrangère inutiles réduites. Ce en suivant les recommandations du Fonds Monétaire International (FMI) afin d’établir une loi sur les marchés de capitaux. Le pays pourrait aussi intégrer un programme proposé par le FMI afin de fournir des liquidités en devise et les conditions nécessaires à la relance économique. L’organisme insiste sur l’application d’une monnaie flottante depuis 2015, une solution qu’ont toujours refusé les chefs du pays par peur de révéler l’état aggravant de l’économie libanaise.
Pour remédier à l’inflation, le Liban pourrait également progressivement regagner un contrôle sur l’offre de monnaie et réduire l’impression de billets en mettant en place un cadre clair et adapté pour la distribution de la monnaie. Ce, en améliorant la dépense publique et le système de recouvrement des recettes, dans le but de diminuer le déficit fiscal.
Rééquilibrer les conditions d’import et d’export du pays pour dépendre davantage de la production nationale qu’étrangère
Plusieurs tendances actuelles offrent au Liban une opportunité de renforcer son socle économique. Les dix premiers mois de 2020, le pays aurait connu une contraction net de 55 % en déficit commercial, par rapport aux dix premiers mois de 2019. Pour la même période, l’export de produits végétaux ont augmenté de 30 % tandis que les imports de véhicules de transport, de métaux, de textiles et d’équipement électrique ont chacun diminué de 50 %. Le Liban pourrait saisir l’occasion de renforcer ces tendances.
Ce en investissant dans des secteurs générateurs de produits de valeur, comme l’agriculture ou l’artisanat. Le pays devrait donc viser davantage la qualité, doté d’un potentiel élevé pour ces produits, que la quantité, ne faisant pas le poids contre les biens importés. Ainsi le pays pourrait acquérir un avantage en termes de compétitivité tout en propulsant sa production locale et nationale, et devenir une référence pour les produits de haute qualité. Soit, promouvoir l’export de produits afin de complémenter la substitution des imports. Le gouvernement devrait appliquer une politique d’export en conséquence.
Fournir un système financier clair et adapté aux besoins et aux capacités du pays
Le cadre législatif nécessaire aux investissements privés n’est pas suffisamment forgé. Le pays pourrait donc développer des régulations et une loi d’investissement et permettre aux entreprises libanaises un meilleur accès au financement et donc une chance de mieux se développer économiquement.
Afin de palier les effets négatifs des crises économique, politique et sanitairen le pays doit pouvoir s’engager dans des mesures durables et innovantes. Ce, non seulement dans les domaines économiques ou fiscaux mais notamment pour éliminer la politisation et corruption du système judiciaire ou pour réformer les marchés publics.
Le redressement économique du pays dépend dont aussi de la volonté de ses dirigeants à réformer le système financier et politique. Or, ces derniers ce sont montrés réticents à procéder à ce genre de mesure depuis plusieurs décennies. Les élections parlementaires prévues pour le printemps 2022 fourniraient l’occasion de fournir un nouveau cadre institutionnel afin de mettre en place de sérieuses mesures et réformes et créer les conditions nécessaires à la relance économique du pays.
Dans tous les cas, la stabilisation financière du pays dépend essentiellement de l’établissement d’un nouveau modèle économique.
Source : Arab Reform Initiative.
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