Alors que les tensions au sujet du barrage de la Renaissance s’intensifient, poussées par l’inexorable avancée des travaux et la stagnation des négociations, l’Egypte sort une nouvelle carte. Elle en appelle désormais aux enjeux climatiques liés à l’exploitation du barrage.
L’Egypte envisage d’inclure les différends relatifs aux eaux transfrontalières au menu de la COP26 prévue en novembre prochain. Dans son discours lors de la 76e session de l’Assemblée générale des Nations unies, le président Abdel Fattah al-Sissi a souligné la nécessité de faire preuve de sérieux dans la construction de barrages sur les fleuves internationaux, en l’absence d’un accord avec les pays en aval sur les mécanismes de remplissage et d’exploitation.
Selon le président égyptien, la lutte contre la construction de barrages sur les fleuves internationaux s’inscrit dans le cadre des efforts d’adaptation au changement climatique. L’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie sont enfermés dans un conflit depuis dix ans, au sujet du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD).
L’Egypte et le Soudan, en aval du Nil bleu, veulent un accord juridiquement contraignant sur le remplissage et l’exploitation du GERD. Les efforts déployés par l’Union africaine (UA) pour négocier un accord permettant de sortir de l’impasse ont échoué à plusieurs reprises.
« L’Egypte reste attachée à un accord juridiquement contraignant, équilibré et complet sur le remplissage et l’exploitation du GERD, afin de protéger l’existence de 150 millions d’Egyptiens et de Soudanais, et d’éviter des dommages incommensurables aux ressources des deux peuples », a déclaré le président al-Sissi.
A la demande de l’Egypte et du Soudan, le Conseil de sécurité des Nations unies a tenu une session le 8 juillet pour tenter de résoudre le différend, sans succès. Le 19 juillet, l’Ethiopie a annoncé l’achèvement du deuxième remplissage du réservoir du barrage avec suffisamment d’eau pour produire de l’électricité. Le 15 septembre, le Conseil de sécurité a appelé les trois pays, dans une déclaration, à reprendre les négociations constructives sous les auspices de l’UA.
Selon Ashok Swain, professeur au département de recherche sur la paix et les conflits de l’Université d’Uppsala, les grands barrages comme le GERD fournissent de l’énergie renouvelable, contrôlent les inondations et stockent l’eau pour les saisons sèches. Cependant, tous ces avantages ne peuvent être obtenus que si le barrage fonctionne en coopération avec les pays riverains.
« S’il n’y a pas d’accords entre les pays du bassin, ces barrages en amont, au lieu de contrôler les inondations, peuvent contribuer à plus d’inondations et aggraver la situation de pénurie d’eau pendant les années sèches », a-t-il déclaré.
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